Mister Padre nous a quittés
Choc énorme en début de semaine dernière, Tony Gwynn disparait à 54 ans des suites d’un cancer des glandes salivaires, certainement dû à une consommation excessive de tabac à chiquer. Retour rapide sur une carrière hors normes.
Gwynn a été le meilleur frappeur des années 80, tout simplement. Il n’est certainement pas le plus célèbre mais c’est lui qui aura marqué pour l’histoire les tableaux de statistiques. Durant plus de 20 saisons, il aura frappé pour une moyenne en carrière de. 338. Ce type de moyenne en carrière relève d’une autre époque, celle des meilleurs joueurs de baseball de la Dead Ball Era, des gars comme Ty Cobb, Roger Hornsby ou Babe Ruth. Gwynn était un joueur d’une autre époque…. Frappeur qui aurait pu être puissant, il avait choisi d’être un frappeur de contact. Il était devenu une machine à hit et à line drive, et surtout un véritable métronome. Il aura joué pour un seul club durant toute sa carrière, les San Diego Padres d’où son surnom de "Mr Padre". Il joua pour l’université de San Diego Aztecs et il sera drafté le même jour en basket (Los Angeles Clippers) et en baseball (San diego Padres). Il choisit le baseball. En 1984, il capture le trophée de meilleur frappeur de la National league avec une moyenne de .351, trophé qu’il gagnera à 8 reprises. Il conservera une moyenne de plus de .300 18 saisons de suite, avec des pics à .368 en 1995, .370 en 1987, .372 en 1997 et même .394 lors de la saison écourtée de 1994.
Gwynn était un joueur complet, puisqu’en plus d’être un bon défenseur (5 gold gloves en Outfield), il volait de nombreuses bases durant ses jeunes années. En 1987, il frappe pour .370 et vole quand même 56 bases. Tony Gwynn s’est affiché parmi les plus grands des frappeurs de l’histoire, et seul lui aurait pu atteindre la moyenne des .400 de Ted Williams. Gwynn faisait partie de cette catégorie de joueurs hors normes. D’ailleurs, c’est le seul frappeur, qui ne frappait pas pour la puissance, à qui on ait donné autant de BBI en histoire (203 fois).
Gwynn n’aura jamais été élu MVP de la league, certainement en raison de son jeu pas assez "spectaculaire", et le peu de Home Run frappés. Certainement en raison aussi de l’équipe pour laquelle il joua, habituée à jouer les dernières places. Barry Bonds, qui admirait Tony Gwynn, a d’ailleurs compris qu’il marquerait les esprits que s’il frappait pour la puissance et pas la moyenne. Tony Gwynn avait lui choisi la voie la plus classique des frappeurs, le contact et le hit.
Que dire de l’homme…. Gwynn était un coéquipier modèle et un gentleman. Autant Ty Cobb laissera une image de salopard sur le terrain, autant Tony Gwynn laissera celle d’un grand sourire sur les terrains, celui d’un homme toujours prêt à transmettre son savoir, toujours prêt à s’occuper des jeunes. Depuis quelques années, Gwynn s’occupait de l’équipe universitaire des San Diego Aztecs, équipe où il avait joué et où il avait été drafté.
Un passionné de la science de la frappe, au même titre que Ted Williams, qui aura mis le feu à toutes les statistiques.
Bien sûr, 15 fois joueur all star, et élu au Hall of Fame dés la première occasion avec un ratio de votes positifs de plus de 97 %.
La statistique la plus impressionnante à mon sens était la difficulté à le mettre strike out. En plus de 20 ans de carrière MLB, il aura été strikeouté seulement 434 fois en prés de 9 288 passages au bâton (ou 10 232 selon les sources), et jamais plus de 40 fois par saison…Par comparaison, Adam Dunn est strike-outé plus de 400 fois par saison en moyenne….
Enfin, une dernière statistique impressionnante est sa moyenne au bâton sur un compte de 2 strikes. Gwynn frappa pour. 302 en carrière avec ce compte. Attention, ce type de statistique n’est mesuré officiellement que depuis 1988, mais Gwynn demeure depuis cette date le meilleur frappeur dans cette catégorie. Wade Boggs, qui n’était pas un peintre, affiche seulement. 260 sur cette statistique. Bref, lorsque un lanceur arrivait à 2 strikes contre lui, le plus dur restait encore à faire…
Le tableau suivant (tiré de Baseball références) présente le résultat des duels contre la crème des lanceurs de son époque …..dont Gregg Maddux, futur hall of famer, qui en 107 passages n’aura pas réussi à le strikeouter une fois. La colonne des Strike out (SO) et des moyennes au bâton (BA) est éclairante sur l’animal qu’il était.
PA | AB | H | 2B | 3B | HR | RBI | BB | SO | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Greg Maddux | 107 | 94 | 39 | 8 | 1 | 0 | 9 | 11 | 0 | .415 | .476 | .521 | .997 |
Tom Glavine | 105 | 99 | 30 | 4 | 0 | 2 | 7 | 5 | 2 | .303 | .337 | .404 | .741 |
Mike Scott | 95 | 85 | 27 | 4 | 1 | 0 | 9 | 9 | 3 | .318 | .379 | .388 | .767 |
Tom Browning | 92 | 86 | 31 | 2 | 0 | 4 | 9 | 5 | 4 | .360 | .391 | .523 | .915 |
Terry Mulholland | 90 | 86 | 27 | 6 | 2 | 1 | 11 | 4 | 2 | .314 | .344 | .465 | .810 |
Orel Hershiser | 88 | 78 | 25 | 9 | 0 | 0 | 6 | 8 | 2 | .321 | .379 | .436 | .815 |
Rick Mahler | 85 | 82 | 33 | 9 | 2 | 1 | 12 | 2 | 0 | .402 | .412 | .598 | 1.009 |
Fernando Valenzuela | 84 | 78 | 25 | 4 | 0 | 1 | 8 | 4 | 5 | .321 | .349 | .410 | .760 |
Dwight Gooden | 77 | 70 | 17 | 3 | 1 | 0 | 1 | 7 | 6 | .243 | .312 | .314 | .626 |
John Smoltz | 75 | 72 | 32 | 8 | 2 | 2 | 13 | 3 | 1 | .444 | .467 | .694 | 1.161 |
Kevin Gross | 74 | 62 | 23 | 7 | 0 | 1 | 10 | 9 | 5 | .371 | .438 | .532 | .971 |
Bob Knepper | 74 | 67 | 25 | 3 | 1 | 1 | 11 | 7 | 2 | .373 | .432 | .493 | .925 |
Bob Walk | 72 | 68 | 22 | 6 | 1 | 0 | 5 | 4 | 1 | .324 | .361 | .441 | .802 |
Nolan Ryan | 67 | 63 | 19 | 0 | 1 | 0 | 6 | 3 | 9 | .302 | .328 | .333 | .662 |
Darryl Kile | 63 | 56 | 17 | 2 | 0 | 1 | 10 | 7 | 5 | .304 | .381 | .393 |
.774 |
Une coïncidence surprenante, c’est Bob Welch un lanceur qui a le meilleur ratio de K contre lui (3 K contre lui en lors d’un match le 14 avril 1986 où Welch était en feu (12K)). Bob Welch qui est disparu la semaine dernière des suites d’un malaise cardiaque. Pour sûr qu’une revanche sera organisée au paradis entre les deux…