Mister Cub nous a quittés

 

Cela devait arriver, Ernie Banks "Mister Cub" vient de nous quitter à l’âge canonique de 84 ans. Une légende du baseball vient de s’éteindre, un symbole à lui tout seul des Chicago Cubs, pour lequel il aura joué durant toute sa carrière. Cubs qu’il ne verra jamais gagner le trophée ultime : ce qui ne l’aura jamais empêché de sourire durant toute sa vie. Ernie Banks, une classe absolue.

Il faut dire que Ernie Banks revient de loin et a connu la période des Negro leagues ; il aura connu la ségrégation raciale autant civile que sportive. Short-stop au sein des Kansas City Monarchs de la Negro league, il voit la signature du premier noir dans les majeures : Jackie Robinson en 1947. Il apprendra tout le baseball au sein des Monarchs : managé par Cool Papa Bell, il sera guidé par les conseils de Satchel Paige, qui lui aura appris l’art de la concentration. Il deviendra le premier joueur noir signé par les Chicago Cubs en 1953, club qu’il ne quittera pas durant ses 19 saisons, jusqu’en 1971. Dans les année 50, la règle implicite est un joueur noir par équipe. On lui conseillera de se taire sur le terrain, de ne pas faire de vagues et de jouer simplement au baseball, ce qu’il fera avec passion. Ernie Banks afficha une sagesse et un zen attitude sur le terrain durant toutes les années 60, époque troublée par les revendications sociales et les émeutes raciales, mais aussi les accrochages avec Leo Durocher, coach rétrograde des Cubs.

Ernie Banks sur le terrain, c’est juste un phénomène : 2583 hits, 512 home runs, 1636 RBI et 1305 points scorés. Et surtout cette cool attitude, cette classe qui aura accompagné tous ses swings naturels ("c’est mon nombril qui frappe puis le corps suit", disait-il) et son envie éternelle de jouer. Son jeu en défense est trés fluide et il est l’un des premiers short stop de l’histoire à frapper autant de homes runs. Il est élu MVP en 1958 et 1959, sans  trop de débat, étant un joueur hors classe au sein d’une pure équipe de loosers, qui ne sera jamais compétitive (hormis en 1969). Et pourtant, Ernie Banks sera toujours là, avec son tempérament de joueur qui ne lâche rien et qui a envie de gagner pour ces Cubs. Il joue short stop jusqu’en 1961 puis devient le première base indéboulonnable des Cubs pendant encore une dizaine d’années.

En 1969, avec Ron Santo et Ferguson Jerkins, il est sur le point de gagner la course aux playoffs avec les Cubs, mais rattrapés par la malédiction de Billy The Goat, les Cubs s’effondrent dans les dernières semaines, et les New York Mets leur passent devant sur le fil. On en a déjà parlé sur Honus.

Ernie Banks est l’auteur du célèbre "it’s a beautiful day, let’s play two", phrase qu’il aurait prononcée dans les dugouts des Cubs en juillet 1969. Il faisait trés chaud à Chicago ce jour là et tous les joueurs étaient rincés, Ernie Banks est arrivé et a prononcé "il fait beau les gars, allez on joue deux matchs ! ", relançant ses coéquipiers qui l’ont pris pour un dingue. Cette formule symbolise finalement toute son envie de jouer, de rejouer et sa philosophie de vie.

On le surnomme "Mister Cub" ou "Mister Sunshine", pour sa capacité toujours à sourire, heureux de son sort, ne râlant jamais contre le mauvais sort qui s’est vraisemblablement acharné sur les Cubs ou sur ses coéquipiers sur un terrain.

Sa fin de carrière est plus difficile. Il est déjà une légende à Chicago mais ses performances sont à la baisse, et les accrochages avec Leo Durocher qui cherchent à réveiller les Cubs suscitent beaucoup d’incompréhension chez les fans.

En 1971, Ernie Banks prend sa retraite en pleine période d’une Amérique traumatisée par la guerre du Vietnam. Il n’aura jamais gagné le moindre titre avec les Chicago Cubs.

Il deviendra le symbole des Cubs, leur ambassadeur, le héros au sourire d’une franchise qui n’aura connu que la loose. il est élu au hall of fame à plus de 80 % des votes dés sa première candidature en 1977, et ce malgré l’absence de titres gagnés et même d’apparition en play-offs….

Ernie Banks demeure avec Willie Mays et Hank Aaron les trois légendes du baseball des années post-Robinson.

En 2014 le président Barack Obama lui remet la médaille de la liberté, plus haute distinction civile. Ernie Banks apporte alors au président une batte de Jackie Robinson, premier noir à devenir professionnel, et lui explique qu’elle devait donc revenir à Obama, premier président noir….qui fut sur le coup plus ému que Mister Cub.

Rip Mister Sunshine.

 

 BHONUS :

Des vidéos du phénomène

 

 

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