La Cork Batte de Albert Belle

Retour sur la batte pleine de liège sur Honus, la "cork batte" et l’incident qui a concerné Albert Belle.

Albert Belle est le prototype du super slugger des années 90 : pas vraiment un joueur populaire, mais Belle fut un véritable killer le temps de sa carrière. Il joua essentiellement aux Cleveland Indians à une époque où, avec les frères Alomar, Jim Thome et autres Manny Ramirez, ils firent de cette équipe habituée à la loose une sacré équipe, difficile à battre et qui visait les sommets de la ligue centrale à l’époque.

Pour indication, la saison 1994 sera finalement interrompue brutalement par une grève le 12 août. A cette date, Albert Belle avait déjà frappé 36 Home runs et avait une moyenne au bâton de .357 !!! Il finit deuxième meilleure moyenne derrière Paul O’Neil .358 des Yankees. Un hit de plus pour Albert "Joey" Belle, et il aurait été le champion…

 

Mais le 15 juillet 1994, Albert Belle se fait prendre la main dans le sac lors d’une série qui voit les Chicago White Sox.

Ceci n’a pas été dû à un accident en plein match cette fois-ci, et il n’y pas eu de batte fracassée en match qui a mis en évidence la tricherie d’une cork batte.

Non beaucoup plus simplement, c’est le manager des White Sox, Gene Lamont, qui demanda à l’arbitre d’examiner la batte de Belle lors de son passage à la batte.

Les suspicions étaient donc bien bel et bien là, et le fait que Belle utilisait une cork batte semblait bel et bien un secret de polichinelle.

Albert Belle est un peu coincé, et l’arbitre Dave Phillips ne constate rien à l’oeil nu, mais suite aux plaintes des White Sox, il décide que la batte sera envoyée à New York afin de subir un examen aux rayons X. Il confisque donc la batte en plein match, et cette batte est alors placée dans le vestiaire de l’arbitre.

Le match reprend et Belle fait grave la gueule.

Pourquoi ? Parce que tout simplement Belle doit savoir que toutes ses battes sont trafiquées !

Tous ses coéquipiers sont également au courant de la petite blague et la suspension du slugger est certaine.

Et là, miracle.

Après le match, l’arbitre rentre dans son vestiaire et constate que son armoire a été- quelque peu -forcée et une nouvelle batte a été déposée à la place de la batte saisie de Albert Belle.

Comment l’arbitre s’en est il rendu compte ?

Tout simplement sur la batte retrouvée dans le casier était inscrit le nom de son propriétaire, qui n’était autre que Paul Sorrento le première base des Indians !

 

L’arbitre est furax, et informe immédiatement la ligue américaine, qui décide de porter plainte devant la justice. Le FBI est même saisi.

Les Cleveland indians sont menacés par la ligue américaine de poursuites devant la justice si …. la batte n’est pas rendue !

Et face à ce dilemme, une batte est alors adressée à la ligue américaine. Celle-ci est examinée et il est mis en évidence la présence de liège.

Albert Belle prend 10 matchs de suspension, qui seront finalement ramenés à 7 matchs en appel.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais les hommes ne savent pas garder un secret…

En 1999, lors d’un interview donné au New York Times, un joueur des Yankees Jason Grimsley avoue toute l’histoire : lorsque Belle s’est fait prendre la main dans le sac, ses coéquipiers ont décidé de lui venir en aide et surtout de lui éviter des matchs de suspension.

Les Indians sont en pleine course aux playoffs et il n’est pas possible de perdre Belle.

C’est Grimsley lanceur dans l’équipe qui improvise et qui est a un plan : récupérer cette batte et la remplacer par une autre batte.

Un employé de l’équipe de Cleveland connait le stade de Comiskey comme sa poche et connait le circuit de ventilation.

Grimsley est alors envoyé avec une lampe de poche dans les couloirs de ventilation afin de rentrer dans le vestiaire de l’arbitre.

Le plan est cependant compliqué : il y a bien 30 mètres de couloirs à parcourir en rempant.

Au bout de 45 minutes, Grimsley parvient à une grille qu’il ouvre et croit être enfin arrivé.

Mais erreur, il tombe sur une remise, où un employé du stade se reposait.

Grimsley se sent piégé mais replace la grille comme si de rien n’était, attendant d’être interpellé par l’employé du stade. Mais ce dernier ne réagit pas…

Grimsley témoignera que son coeur battait à 1000 et qu’il n’a jamais eu autant de stress de sa vie.

Le lanceur parvient enfin au vestiaire de l’arbitre. Il descend du plafond et s’appuie sur le réfrigérateur. Il procède alors au changement de battes, avec une autre batte….mais qui porte la signature de son propriétaire, …. Paul Sorrento.

L’astuce peut paraitre idiote aujourd’hui, mais les joueurs ne savaient quoi faire, l’ensemble des battes de Belle étant truquée, il ne pouvait pas déposer une autre batte de Albert Belle !

Grimsley repart en sens inverse une fois le méfait accompli et 40 minutes après, il ressort dans les tunnels de Comiskey Park.

Il revient 5 minutes avant la fin du match dans le bullpen, gagné par les Indians 3-2.

Au moment où Grimsley avoue cette aventure en 1999, certains se demandent s’il n’y aura pas de poursuites.

Mais dans la mesure où Albert Belle avait pris ses matchs de suspension, le président de la ligue américaine déclara que cet incident faisait partie désormais de l’histoire du baseball et de ses péripéties.

Le lendemain de l’aveu fait à la presse, les Yankees jouent les White Sox.

Mike Lavallière, ancienne grande figure des Pirates de Pittsburgh, est alors le catcher des White sox.

Il interpelle Grimsley : "Alors, j’ai appris que vous aviez joué dans un épisode de mission impossible ?".

Grimsley ne sait trop quoi répondre.

Lavallière lui répondit alors : "C’est une sacré belle histoire".

Le geste de Grimsley est aujourd’hui reconnue comme une preuve d’un grand esprit d’équipe et d’une sacré loyauté.

Belle nia quant à lui toute l’histoire, et n’a même jamais reconnu que ses battes étaient truquées. Dans le baseball digest d’aout 1995, il explique même que ce sont les White sox qui ont tout manigancé : "La veille, je frappe un Home Run à mon premier at bat et ils disent rien. S’ils étaient sûrs d’eux, ils se seraient plaints tout de suite. De toute façon, je sais comment je range mes battes dans mon casier. Or le lendemain, quelqu’un avait touché à mes battes, j’en suis sûr. Et là, le match d’après, Lamont vient demander qu’on me saisisse ma batte lorsque je vais frapper….c’est n’importe quoi ! Je n’ai jamais eu besoin de cork batte de toute ma carrière...". 

Le short stop des Indians Omar Vizquel confirmera dans ses mémoires que toutes les battes de Belle étaient truquées, et que tous les joueurs avaient improvisé le sauvetage. "Aprés le watergate, il y a eu finalement… le batgate".

Mais business is businness, tout ceci n’empêchera pas Albert Belle de venir finir sa carrière aux Chicago White Sox en 1997 et de cogner quelques homes runs de plus pour la vile de Chicago !!!

Bhonus

Quelques articles de l’époque sur le sujet, 1 et 2.

Sur Honus, à voir également : "L’arnaque de la Cork batte"

 

 

 

9 commentaires à “La Cork Batte de Albert Belle”

  1. Nastoy dit :

    Excellent article, c’est vraiment cool d’avoir ces histoires sous le coude. Merci Honus !

  2. […] Mais voilà, Pete Rose a trafiqué les battes qu’il a utilisées cette saison ! Pete Rose a en effet utilisé en effet des corks battes ! Une batte truquée, encore plus légère que prévu ! Deux articles sur Honus ont déjà été consacrés aux avantages des Cork battes de Sammy Sosa et de Albert Belle. […]

  3. Sanmax dit :

    Salut les filles !
    Je suis un grand fan d’Albert Belle et quoi qu’il soit arrivé il je resterai un grand fan !

    Bises,

    Tom, si tu te souviens de la phrase culte de Tonio : on ne dit pas « la batte a Albert » mais « la batte d’Albert » ! c’était juste pour le clin d’oeil.

  4. LaHuppe dit :

    FVS tu t’emballes, avec le calendrier de cette saison 2011/2020 les choses ne sont pas encore terminées… Suspens et Patience… regardes mes lèvres… je veux 5000 dollars… Patience.

    Signé :
    Mr. Patience de la ligue hexagonale des fous de la patience et de ses dérivés anesthésiants

  5. francovanslyke dit :

    Merci Mr Cros ! Cool que ça t’ai plu. Et…Le’ts Go Barracudas !

  6. lours dit :

    Enorme!! et apres on dit que le cinema americain manque de scenario… pourtant avec toutes les histoires et anecdotes de la vie baseballistique in MLB il y a de quoi faire une serie TV digne de ce nom!!!

    chapeau les gars pour retrouver toutes ces histoires!!

  7. Fishiguchi dit :

    J’avais beau avoir été prévenu par FrancoVanSlyke que l’histoire était énôôôôrme, j’ai pourtant quand même été bluffé…

    Comme quoi…

  8. laHuppe dit :

    On peut imaginer que les joueurs de ligue majeure ont chacun une batte « Paul Sorrento » dans leur casier, au cas où…
    J’ai aussi lu que Grimsley avait rejoint le contre-espionnage…

  9. majordom dit :

    Bravo : encore une « mission » réussie pour Honus

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