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Free Bird

Par francovanslyke, 12 mai 2009

Ce 14 avril 2009, Mark Fydrich dit « The Bird » vient de disparaître lors d’un banal et idiot accident domestique. Il semblerait que son truck lui soit roulé dessus alors qu’il faisait de la mécanique. Une fin assez banale pour un homme qui se présentait d’ailleurs comme quelqu’un d’assez ordinaire mais qui a pourtant enflammé tous les passionnés de baseball il y a bien longtemps.

Les trentenaires ne le connaissaient que peu, rien que le nom, au mieux quelques images d’archives, mais il a été « La star » de la MLB lors de l’année 1976. Pitcher aussi génial qu’excentrique, The Bird a été un gars à part. Surtout connu par ses bizarreries, il refaisait souvent son monticule entre les manches, il se parlait à lui-même avant de lancer mais aussi à la balle qu’il encourageait, caressait l’herbe du gazon du stade, Mark a été avant tout le joueur le plus aimé de toute une génération. Joueur charismatique, amoureux fou du jeu de baseball, Fydrich était aimé de son public, qui l’avait surnommé « The Bird » pour sa ressemblance avec Big Bird de l’émission « 5 Rue sésame ».

Concernant ses performances, Fydrich a été époustouflant sur le monticule lors de son année rookie 1976 et a mis le feu. 19-9, avec un ERA de 2.34, soit le meilleur de tout le baseball, 97 strikeouts. Une saison débutée en mai alors qu’essayé un peu par hasard, il avait finalement lancé 7 manches sans hit contre Cleveland. Fydrich s’est imposé naturellement comme un starter dans son équipe des Tigers à l’age de 22 ans. Mais surtout au-delà de la performance, c’est le coup de foudre du public pour ce jeune gars étonnant, différent, décalé et un peu dans son monde, tel un gamin venu continuer son rêve d’enfant sur les terrains professionnels. Fydrich jouait passionnément et toujours à 100 %, et toujours avec un grand sourire.

Sa popularité le conduisit à être nommé lanceur starter du All star game de 1976, qu’il perda d’ailleurs 7-2 contre la National League. Fydrich continua malgré tout et gagna ses 19 victoires, dominant génialement la plupart des matchs qu’il lança. Fidrych a été élu “rookie of the year” dans l’American League et avait fini second derrière Jim Palmer des Orioles pour le titre de Cy Young Award.

Sa carrière fut hélas très courte, dés l’année 1977, Fydrich se blessa lors d’un match des spring training. Mark expliqua « j’ai senti que quelque chose s’était bloqué, mon bras était tout simplement mort », et the bird disparut peu à peu de la MLB. En 1978, il lancera un match qui reste dans les annales de la minor league contre Dave Righetti des Yankees, venu lancer quelques games en AAA, match que the bird gagna 7-2. En 1981, il quitte l’organisation de Detroit pour tenter un comeback avec les Red Sox de Boston. Il lancera à Pawtucket en AAA en 1982 mais rien ne change, Fydrich ne retrouvera pas la Major league. A noter que chaque fois qu’il lança en ligues mineures, le stade affichait complet. Il stoppe en 1983 sa carrière pro à l’age de 29 ans. En carrière, il aura en tout et pour tout une fiche de 29 victoires pour 19 défaites et a lancé dans 58 matchs.
Lorsqu’il est interviewé, Mark Fydrich explique qu’il a pleinement profité de tous les moments de sa courte carrière, mais pour la plupart des joueurs qui l’ont côtoyé, les blessures qu’il a subies sont un énorme gâchis et ont stoppé un véritable phénomène. Fydrich s’est depuis reconverti en patron d’une petite boite de transport routier.

Lorsque Fydrich fut invité en 1999 par l’organisation des Tigers, il fut ovationné comme jamais. Il semble que les fans se souviennent encore de lui malgré sa carrière de météorite. Et l’amour des fans pour ce gars qui a lancé en tout qu’une saison est tout simplement irrationnel.
Carney Lansford, le hitting coach des Giants apprenant sa disparition déclarait justement à son sujet “Je ne crois pas hélas qu’on recroise quelqu’un comme lui de sitôt. Pourtant c’est ce dont le baseball a aujourd’hui le plus besoin, des gars comme lui, plein de vie et d’originalité. Cette année encore, quand je pense au baseball, c’est son nom qui me venait en premier à l’esprit. »

Aux antipodes de la pléthore de stars égocentriques actuelles, intéressées uniquement par le roi dollar et souvent touchées par quelques scandales stéroïdiens, Mark Fydrich a rayonné au-delà de sa performance sportive telle une star qu’il a été. Au-delà de la disparition de ce gars sympathique, c’est certainement une partie de l’esprit même du « jeu » de baseball qui vient également de disparaître ce mois d’avril. Les fans ont bien toutes les raisons d’être attristés par le départ final de The Bird.