Entretien avec Marc Griffin
En décembre, Honus vous avez exceptionnellement proposé un entretien avec Jacques Doucet, la voix des Expos. Aujourd’hui, il s’agit d’un autre acteur important du baseball québécois, et une autre voix des Expos, que nous accueillons sur notre site : Marc Griffin.
Marc Griffin fut à la fin des années 80 et début 90 l’un des talents les plus prometteurs du baseball québécois. Champion du Canada avec l’équipe du Québec en 1986 et 1987, il rejoint Team Canada pour les Jeux Panaméricains de 1987 puis la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques de Séoul en 1988. 1988 qui marquera son entrée au sein du baseball organisé quand il sera signé, comme joueur autonome, par les Dodgers de Los Angeles. Il écumera alors les ligues mineures de niveau A, A+ et AA avec les Dodgers de 1989 à 1991 puis les Expos de Montréal de 1993 à 1994 (échangé aux Expos fin 1991, il manque la saison 1992 pour cause de blessures). Malheureusement, ce champ extérieur rapide et frappeur gaucher ne franchira pas le cap du Show, son talent n’étant pas celui recherché à l’époque (vous verrez pourquoi dans l’entretien).
Mais Marc Griffin a de la ressource et rebondit au sein de l’organisation des Expos en 1995 au sein du département des affaires publiques gérant les événements spéciaux, le site internet et devenant surtout analyste (dénomination du consultant sportif au Québec) pour les matchs des Expos à la télé puis à la radio. Il fut d’ailleurs le partenaire à l’antenne de Jacques Doucet durant la dernière saison des Expos en 2004. Avec la fin des Expos, il participe à la création d’une entreprise de communication et de relations d’affaires, le Rézo, dont il devient le coprésident en 2009. Mais jamais bien loin du monde du baseball, notamment en travaillant au retour d’une équipe professionnelle à Montréal, il rejoint Baseball Québec comme vice-président en 2011. Cette même année, il rejoint RDS Canada (chaîne sportive québécoise), y retrouvant Jacques Doucet d’ailleurs, comme analyste des matchs MLB, en compagnie de Denis Casavant, et chroniqueur.
Énergique, fin connaisseur du baseball, ancien joueur professionnel, œuvrant sur plusieurs fronts pour le baseball québécois et canadien, il nous semblait logique d’aller à la rencontre de Marc Griffin et de parler pêle-mêle des ligues mineures, du baseball québécois ou encore du Canada à la WBC !
Bonjour Marc Griffin. Vous avez écumé durant plusieurs années les ligues mineures et même joué avec les Expos au Spring Training. Le quotidien des Minor Leaguers est-il aussi difficile qu’on le raconte ?
Ce n’est pas évident. Tu te bats continuellement contre toi-même et les autres joueurs de la même position. L’enseignement n’est pas aussi bon qu’anticipé. Les joueurs sont laissés à eux-mêmes et ce, pour très peu d’argent. Mais ça forme le caractère et tu mérites amplement l’appel vers les majeures le cas échéant.
Qu’est-ce qui vous a manqué pour franchir le cap des Ligues Majeures ?
Je dirais ma puissance au bâton. J’ai joué à l’époque où frapper le circuit devenait pas mal plus important que le vol de but par exemple. J’ai été un peu victime de cette époque.
Vous dites être tombé dans une mauvaise période pour vos qualités. Quelle époque aurait mieux correspondu à vos qualités de joueur ? Et pourquoi ?
Le début des années 80. Le vol de but était un aspect important. On valorisait le 1er frappeur du rôle offensif en rapport avec sa moyenne de présence sur les buts. De plus, le voltigeur de centre brillait par ses qualités défensives et sa vitesse sur les buts. L’aspect puissance n’était pas une nécessité comme aujourd’hui….
Vous avez réussi une belle reconversion professionnelle en devenant consultant pour les Expos sur TQS puis chroniqueur sur RDS. Comment s’est passée cette reconversion ?
À défaut de jouer, le mieux est de l’expliquer. J’ai toujours comme philosophie d’exploiter mes forces et non de tenter d’être bon partout. Si on travaille que sur nos faiblesses, on devient moyen. J’avais une facilité à m’exprimer et à expliquer et le transfert s’est donc bien déroulé.
Vous êtes très impliqué dans le baseball québécois. Quelle est la situation du baseball au Québec ?
Beaucoup mieux. Des augmentations (de licencié-es, ndlr) de plus de 25% depuis 4 ans. Le départ des Expos est vraiment du passé. Une 2e équipe professionnelle s’ajoute avec l’arrivée des Aigles de Trois-Rivières de la ligue Can-Am et le sport-étude baseball est en très forte augmentation. On peut dire que nous sommes dans une bonne période.
Vous parlez de bonne période pour le baseball québécois. La présence de quatre québécois dans les majeures actuellement est aussi un signe. Quelles autres talents de la Belle Province pourrait-on voir ces prochaines années en MLB ?
Difficile de prévoir mais nos programmes sont tellement meilleurs aujourd’hui qu’on va finir par produire d’autres joueurs. J’aime bien un gars comme Jonathan Jones dans l’organisation des Giants. Un joueur de 3e but avec un physique imposant et une bonne tête de baseball.
Pour vous, il faudra attendre longtemps avant de revoir du baseball majeur à Montréal. Quel avenir alors pour le baseball professionnel à Montréal ? Reverra-t-on un jour les Expos en terre québécoise ?
J’ai toujours espoir mais le montant exigé est énorme. J’ai espoir de voir du baseball professionnel mineur dans un avenir rapproché mais dans le cas du baseball majeur, je suis pas mal moins optimiste.
Comment voyez-vous les performances du Canada pour la prochaine World Baseball Classic et son groupe pour le 1er tour ? L’équipe peut-elle créer la surprise et défier les nations majeures comme le Japon ou les Etats-Unis ?
Le baseball au Canada a fait des progrès immenses. Le Canada manque un peu de profondeur au monticule mais peut rivaliser avec les meilleurs pays. Si les joueurs y croient, ils peuvent causer une surprise.
23 joueurs canadiens en MLB cette saison. Quatrième nation représentée en Ligue Majeure. Les canadiens sont devenus une puissance du baseball. Malgré ce manque de profondeur au monticule, quelles sont les atouts, au niveau du jeu ou des joueurs de Team Canada pour la WBC ?
Leurs qualités athlétiques! Que ce soit Larry Walker ou Matt Stairs à l’époque et les Justin Morneau, Russell Martin aujourd’hui, les joueurs canadiens sont extrêmement habiles. En grande partie puisqu’ils ont exercés plusieurs autres sports étant jeune.
Finissons sur les liens qui unissent les baseball québécois et français. La France a eu la chance d’accueillir des entraîneurs ou joueurs québécois comme Christian Chénard, Dany Scalabrini ou Robin Roy. Eric Gagné et Emmanuel Garcia ont rejoint la Team France durant le World Baseball Classic Qualifier. Anthony Cros a joué en 2010 pour les Capitales de Québec. De nombreux jeunes joueurs français jouent on ont joué au Québec (comme Warren Coopman actuellement chez les Capitales Juniors). Et Baseball Québec et la Fédération Française de Baseball Softball discutent partenariat. Quel avenir pour le baseball français au Québec ? Comment envisagez un avenir commun ?
Il faut certes poursuivre cette belle relation. Tel que mentionné, le sport-étude baseball est parmi les plus populaire au Québec actuellement. Notre relève est là et nos programmes élites sont solides. Pourquoi ne pas créer éventuellement une compétition France-Québec à travers différentes catégories d’âge? Chose certaine, il faut garder une belle synergie entre les deux.
Merci Marc d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
bHonus :
Si vous voulez lire et voir du baseball majeur en français, vous pouvez retrouver Marc Griffin et ses chroniques sur RDS Canada :
Le Blogue de Marc Griffin sur RDS et son compte twitter.
Ses stats et sa bio sur Baseball Référence.
Retrouvez également ses chroniques en vidéo toujours sur RDS.
Bien joué Honus !
Nous sommes gâtés chez Honus ! Merci Marc !
Merci Marc pour tes réponses ! un talent non reconnu par l’ère des stéroides ; diable, le baseball est parti dans le mur dans les années 90 !