Mister Baseball
Mister Baseball. Thomas Selleck AKA Magnum dans un film de baseball et qui se déroule en plus au Japon ! Voilà l’affiche alléchante de ce film sorti dans les années 90, directement en vidéo K7 dans nos contrées. Honus revient dessus à l’occasion d’un nouveau visionnage en DVD.
"Mister Baseball" , je n’en avais que des souvenirs assez moyens. Petit film dans tous les sens du terme, que ce soit au niveau de l’histoire, des séquences de baseball et tout le reste. Une série B finalement, mais en plus sans trop de saveur. Mais vive le temps des soldes et voilà pas le film en DVD Zone 1 à moins d’un dollar. En plus des sous titres français disponibles. Direction achat et là…. crac le phénomène de l’oubli. Le DVD va se perdre dans les "films à voir" pour bien longtemps ….ce film va rester sur une étagère plus d’une année (ou deux ?)…. une soirée de décembre, je me décide à enlever le cellophane du DVD et je le glisse dans le lecteur….
"Mister Baseball" c’est donc l’histoire de Jack Elliot, joueur vétéran et star un peu vieillissante des New York Yankees. Il constate lors du spring training l’arrivée d’un rookie à son poste qui déchire tout, (et qui n’est rien d’autre qu’un vrai joueur joué par…. Frank Thomas !!), qui va donc lui prendre sa place et le pousser vers le bench. La direction va devoir trader Jack Elliot vers….. l’étranger ! Elliot croit qu’on va lui imposer de jouer au Canada, voire pire, à …. Cleveland (seule fois ou j’ai ri pendant le film)…. mais il ne se doute pas que la seule équipe prête à le signer serait une équipe japonaise, …..les Chunichi Dragons.
Voilà Elliot contraint de partir jouer au baseball dans un autre monde. Le départ de Elliot et son séjour au pays du Soleil levant va mettre en évidence les grandes différences qui existent entre le Japon et les Usa. Le film date de 1990 et on est bien loin de connaitre les us et coutumes du Japon comme aujourd’hui….. Elliot ne rate donc aucun impair et fait du grand n’importe quoi, marche avec ses chaussures sur les tatamis, prend son bain sans se laver avant, crache partout, insulte les arbitres… bref, Elliot c’est la honte.
Elliot est attendu comme le messie par l’équipe de Chunichi pour faire enfin gagner l’équipe contre l’ogre Yomiuri Giants. Le souci, c’est que Elliot, en bon américain adepte de l’individualisme sportif, est vraiment aux antipodes du baseball nippon, basé sur le travail d’équipe et sur la discipline. Elliot va devoir affronter le système japonais pour devenir ou (re)devenir le grand joueur qu’il a été. On rajoute une petite touche de romantisme avec la rencontre d’une spectatrice trés attentionnée et voilà un petit film de baseball pour passer le dimanche.
Qu’en penser aujourd’hui ? Le film est un pur produit des années 90 et en cela il a bien vieilli. Mais Il y a des points positifs ; déjà, on ne regarde pas trop la montre, même si le film est loin d’être un grand film. J’ai pu quand même constater que le film était le parfait reflet du livre You Gatta Have Wa, de Robert Whiting, lu et dévoré depuis, et en cela, le film est déjà intéressant, parce que bâti sur une expérience vécue du sport professionnel japonais.
Le jeu nippon est décrit (et quelque peu décrié) et les différences entre le baseball pro américain et japonais sont bien mises en évidence. De la possibilité de faire match nul en NPB, à la règle interdisant le slide pour casser un double jeu (parce que ça ne se fait pas), on constate par les yeux de Elliot toutes les différences qui peuvent exister. Il est également évoqué le manque de prise de risque sur les courses dans les équipes japonaises. Surtout, l’affrontement entre le sévère coach des Dragons -joué par Ken Takakura- et la star individualiste que joue Thomas Selleck va souligner toute la différence de philosophie des deux systèmes : le joueur japonais est la propriété de l’équipe et travaille pour elle tandis que le joueur américain est un joueur payé pour faire du baseball. Discipline et travail s’opposent à individualisme et conception plus ludique du sport.
Les deux systèmes s’affrontent tout le film pour donner une fin qui laisse quand même songeur.
L’entraineur japonais ne fait que pointer durant tout le film les qualités déplorables de Gaijin de Elliot ; il est reproché surtout à la star qu’il a un "trou dans son swing", entendu qu’il aurait un défaut dans son swing (???). Je croyais qu’on allait alors corriger son swing avec des méthodes japonaises basées sur la recherche de la frappe dans l’intérêt de l’équipe…. ben non, en fait, Selleck va faire surtout des pompes et des courses pour retrouver son swing de bucheron et cogner des Home Runs….
On parle de baseball collectif à la japonaise, mais finalement, Elliot va imposer sa gagne et sa façon de jouer à toute l’équipe :
– les coachs vont gueuler contre les arbitres (comme à l’américaine)
– les joueurs vont cracher partout (trop cool…. comme les américains)
– les joueurs vont se battre dés qu’un de leurs batteurs est touché (trop bon, la castagne à l’américaine )
– les joueurs vont faire des blagues débiles (comme les américains)
– Elliot va frapper des Home runs à la pelle, (et on ne va voir grand chose de collectif dans ce type de performances) et va peut être même briser le record détenu il y a bien longtemps par son coach
– les joueurs japonais vont finalement qualifier le Gaijin de "Mister Baseball"
– Le coach japonais va demander une augmentation à ses esclavagistes de comité directeur parce qu’il a bien "performé"
(Attention spoiler ) Même le dernier passage de Elliot laisse perplexe : c’est le grand match contre les Yomiuri Giants. Elliot rentre au bâton avec les bases pleines. Son équipe tire d’un point derrière. Le lanceur adverse est donc obligé de l’affronter (plus d’IBB) et lui colle deux strikes. Pour Elliot, on croit voir venir le dilemme : soit frapper un nouveau HR, ce qui ferait de lui le nouveau tenant d’un record, battant celui de son coach, soit échouer et perdre son titre de Mister Baseball. Et là, à deux strikes, Elliot a la lumineuse idée de tenter…. un bunt surprise…..évidement, il court comme un vieux mais il va réussir malgré tout à prendre la première tandis qu’un coureur slide au marbre et score le point final. Tout est bien qui finit bien. Et Elliot est bien Mister Baseball et tout le monde se tape dans les mains….
Alors là, il y a quand même un souci. Et les gars, vous nous prenez pour des abrutis ? Le jeu sur le bunt, il est au marbre : la balle est devant le marbre et le lanceur doit lancer au catcheur puisque c’est automatique, et pas en première !!! En plus, le bunt à deux strikes, c’est quand même plus l’apologie d’un baseball individualiste, voire débile, que d’un baseball collectif….
Qui bunt à deux strikes hormis Marcelou Wallace ?
Donc victoire a 10-0 pour le ricain. A plate couture, les Etats Unis sont vraiment les meilleurs !
Alors voilà, ceci me laisse songeur : montrer la particularité du baseball japonais pour finalement faire de Elliot, le prototype de Gaijin, le baseball de gagnant, c’est un peu dire à ces japonais que leur baseball c’est bien gentil, mais si vous voulez gagner quelque chose dans votre vie, va falloir adopter un jour les méthodes américaines. Finalement ce film, c’est le reflet d’un impérialisme américain assez bourrin.
Peut être que trop de réflexion tue, mais poser autant les différences pour en imposer une seule au final, j’ai trouvé ceci bien décevant.
A noter sinon quelques petites anecdotes bien sympas : lorsque Elliot redevient un frappeur dangereux, on lui lance des BBI ; il prend alors sa batte à l’envers et la pose sur l’épaule. Ceci est directement inspiré de faits réels : Randy Bass des Hanshin Tigers avait ainsi montré son mécontentement en 1985 lorsque les lanceurs adverses lui lançaient des IBB afin qu’il ne batte pas le record japonais de Sadaharu Oh de 55 Home Runs sur une saison.
Les scènes ont été filmées sur le vrai Nagoya Stadium, le stade des Dragons. Et enfin, voir Frank Thomas s’entrainer en vrai, à coté de Magnum, c’est quand même trés bon également.
Pour les amoureux des séries, vous reconnaitrez également aux cotés de Thomas Selleck, Denis Haybert, qui deviendra 15 ans plus tard, le célèbre président dans la série 24 Hours avec Jack Bauer….
BHONUS :
Comme on est pas chien, voilà la bande annonce !
La carte Upper Deck de 1992 en hommage !
Enfin un bel hommage Booblehead…. et le film en VO !
oui, toutes en noir & blanc, ça donne de la classe au film! D’ailleurs ce film devait s’intitulait « Tokyo Diamond » à l’origine et le titre a évolué vers quelque chose de plus commercial et plus parlant « Mr Baseball ».
http://articles.latimes.com/1991-02-05/entertainment/ca-826_1_mca-s-universal-pictures
T’as chopé de jolies photos, dis-moi…