Tim Wakefield ne lancera plus….
Tim Wakefield est décédé ce 1er octobre 2023 à l’âge seulement de 57 ans. C’est un véritable choc. Il est pour beaucoup un joueur des Red Sox qui aura aidé à la fin de la malédiction. Il est pour les fans hardcore des Pirates un type unique qui les aura fait rêver lors de la saison 1992. Il est et restera le symbole d’un lanceur de Knuckle ball, cet étrange lancer qui défie les lois de la physique, un lancer unique qu’il aura lancé pour sauver sa carrière.
Toute la vie de Tim Wakefield semble avoir été un combat.
Lorsqu’il est drafté par les Pirates en 1988 en tant que première base, une génération de grands joueurs est en train de s’installer à Pittsburgh et réveille une équipe qu’on croyait morte. Mais Wakefield ne va pas faire partie de l’aventure. Il n’arrive pas à progresser au bâton et quand il joue en niveau A, il comprend rapidement que son rêve va bientôt se terminer. Il est certain qu’il n’arrivera pas en MLB et que ses jours sont comptés.
Tim le rookie
Son coach Woody Huyke le voit lancer à l’échauffement des knuckle. Et il lui conseille de « peut être » monter sur le monticule, après tout, faut que l’on voit ce que tu peux faire !
Un conseil d’un autre temps. Autant vous dire qu’en 1988, la knuckle est passée de mode depuis longtemps. Il reste un dernier dinosaure, Charlie Hough aux Rangers. Mais l’époque est à un autre baseball. On comprend du coté de Oakland et de Tony Larussa que la puissance et les muscles sont l’avenir du baseball. Alors lancer une knuckle, c’est le passé et c’est quelque chose qui doit disparaître.
Mais pour Wakefield, l’étau se resserre. C’est « soit tu lances, soit tu rentres chez toi », car pour le reste, c’est fini, on ne veux plus de toi.
Si Wakefield savait lancer un tel ovni, c’est en raison de son père. Ce dernier fatigué de lancer avec lui la balle s’amusait à lui lancer des knuckleball pour l’embêter et le pousser à le laisser en paix… Wakefield avait finalement appris avec lui comment tenir et lancer une balle papillon… mais les enjeux ne sont plus les mêmes quand on est un joueur professionnel.
Et Wakefield va lancer cette balle en match et….. réussir à s’imposer.
Tim le sauveur
En 1992, il est appelé pour lancer dans l’équipe une des Pirates, celle qui fait chavirer les fans, derrière les Bonds – Bonilla – Van Slyke. Et il va s’imposer comme un boss sur le monticule. il lance en tant que 4e starter, signe une fiche de 8-1 avec un ERA de 2.15. Wakefield est incroyable. Il fait rêver les fans avec sa balle papillon.
Mais en 1992 les pirates vont perdre de manière dramatique contre les Braves leur finale de division. Sid Bream « le traitre » de Pittsburgh slide au marbre pour les éliminer. Atlanta ira jouer les World Series. Les pirates ont raté le coche et on ne les reverra plus jamais à ce niveau. Bonds part aux Giants et devient une star. Pittsburgh va disparaitre peu à peu des écrans.
Sid Bream signe la fin des Pirates
Tim Wakefield va également disparaitre, la faute à ce maudit lancer qu’il ne parvient plus à contrôler. En 1994, il part même jouer en minor league, et il ne retrouve plus son niveau : il sera même remercié par les Pirates en 1994 et il semble fini…
Et curiosité du destin, quelques scouts se rappellent de lui. Les Boston Red Sox ont le nez creux de croire en lui et le signent. En 1995, il revient de nulle part une nouvelle fois, il lance 195 manches, signe une fiche de 16-8 et a un ERA de 2.95. Le sorcier est de retour. Il est tout seul à la lancer dans toute la MLB. Il est à contre courant de toute une époque. Il va lancer durant 17 saisons à Boston sa balle papillon avec plus ou moins de constance.
Tim le Boss
Jason Giambi le slugger de Oakland dit de lui : « Mieux vaut être bourré pour frapper sa balle, tu as beaucoup plus de chances de la frapper » !
“You’re better off trying to hit Wakefield when you’re in a drunken stupor”
Jason Giambi
En 2003, la finale de l’ALCS voit l’affrontement des Yankees et des Red Sox. Les Yankees ont fini premier de leur division avec une fiche de 101-61. Boston est un peu derrière avec 95-67. La rivalité est à son maximum. C’est la période dorée des Yankees derrière Derek Jeter, Jorge Posada, Roger Clemens. En face à Boston, c’est la génération Pedro Martinez, Manny Ramirez, Nomar Garciaparra. Et dans ce choc, Wakefield est sur le monticule dans le match 7 de cette série. Et il va lancer une balle en 11e manche que va réussir à frapper Aaron Boone.. en HR. Wakefield perd la série et à nouveau le sort semble s’acharner sur lui. Les Yankees éliminent les Red Sox et pour tous les fans, ce lanceur de balle papillon est le seul responsable.
Wakefield prend un sérieux coup de canon. La presse n’est pas tendre avec lui et lui demande s’il pourrait lancer contre les Yankees si la situation se présente à lui à nouveau. Wakefield est invité à quitter la grande équipe et personne ne semble le retenir, hormis ses coéquipiers, dont Jason Varitek son catcher.
Wakefield va revenir une nouvelle fois au top en 2004. Et lorsque les Red Sox se retrouvent à nouveau face à l’ogre Yankee, il se retrouve à lancer dans le match 5 décisif. Tout le monde a peur, fans comme journalistes.
Et Wakefield sera imperial : il lance 3 manches parfaites, et David Ortiz crucifiera les Yankees en 14e manche…. Les Red Sox iront jusqu’au bout en 2004 et Wakefield sera revenu de l’enfer pour être reconnu comme un véritable champion. Les Red Sox emportent les World Series, une première depuis 1918.
Tim l’émotion
En 2011 il prend finalement sa retraite avec une fiche peu imaginable pour un lanceur de knuckleball de 200 victoires et 180 défaites ! Une marque de 200 victoires, c’est toute une carrière. Il n’ira pas au Hall of fame mais il est reconnu comme un grand lanceur et le sauveur du lancer papillon.
Il commente sur ESPN et milite pour que le lancer papillon soit reconnu à sa juste valeur. R.A. Dickey aura sa carrière sauvée par les conseils de Wakefield.
Il apprend courant 2023 qu’il est atteint d’un cancer du cerveau, la même maladie que Gary Carter. Il décide de se battre mais le cancer est trop fort. Il souhaite garder son combat privé mais Curt Schilling annonce sa maladie à la radio. Il décède le lendemain de l’annonce publique.
On ne peut pas gagner tous les combats. Il meurt à 57 ans….
Comme dirait Lemmy, Wakefield a été « Killed By Death »