Serie del Caribe
L’édition 2014 de la Serie del Caribe s’ouvre aujourd’hui à Margarita au Venezuela.
Durant huit jours, cinq équipes vont s’affronter sur un mode round robin/demi-finale/finale avec pour seul objectif de succéder au Mexique, vainqueur de l’édition précédente, avec les Yaquis de Obregon. La Serie del Caribe, ce n’est pas une sorte de Ligue des Champions. Les vainqueurs des series nationales y participent en représentant leur Pays. Ici, on ne parle plus de Licey, de los Indios ou des Naranjeros mais de Dominicana, Puerto Rico et Mexico. Plus qu’une équipe qui vient de remporter le titre national, chaque pays envoie donc une sélection avec certes une ossature forte de Licey, par exemple, mais enrichie de nombreux renforts (nationaux ou étrangers) qui jouent dans le championnat local. Le Glorioso Licey se présentera donc sans Erick Aybar mais avec Wilkin Castillo, Julio Lugo (Escogido), Nanita (Toros) ou Angel Castro (Las Aguilas). Mais comme on dit à Santo Domingo, si on remporte la serie, les aguiluchos et les escogidistas diront que Dominicana a gagné, dans le cas contraire, ils diront que c’est Licey qui a perdu….
Le Président de la République, Danilo Medina remettant le drapeau national aux dirigeants de Licey avant le départ pour Margarita
Durant huit jours donc, Mexico (Naranjeros de Hermosillo), Puerto Rico (Indios de Mayaguez), Dominicana (Tigres del Licey), Venezuela (Navigantes del Magallanes) et Cuba (Villa Clara) vont s’affronter. Pardon! Cuba? Pas de faute de frappe ici mes Amis.
2014, c’est l’année du Grand retour de Cuba dans la compétition après 44 ans d’absence ! 10 ans que l’on en parle, enfin concrétisé cette année. Cuba l’équipe mythique aux 25 championnats du Monde, 11 coupes Intercontinentales et aux 3 titres olympiques, est de retour. Cuba qui en 12 participations à la Serie del Caribe en a remporté 7 entre 1949 et 1960 avant de boycotter la compétition. Séquence flash back.
L’origine de la Serie del Caribe
L’idée de créer la Serie del Caribe est venue à deux hommes d’affaires vénézueliens Óscar "El Negro" Prieto et Pablo Morales, devant le succès de la Serie Interamericana en 1946. En 1948, ils présentèrent l’idée à la Confederacion de Beisbol del Caribe qui comptait dans ses rangs Cuba, Puerto Rico, Panama et le Venezuela. Ainsi vit le jour la compétition dont la première édition se déroula à la Havane en 1949.
Robert Ortiz
Du 20 au 25 février 1949 s’affrontèrent la Cerveceria Caracas (Venezuela), les Indios de Mayaguez, les Spurs de Panama et les Almedares (Cuba). Emmenés par des joueurs comme Robert Ortiz, Hector Rodriguez, Ken Connors, Monte Irving, Agapito Mayor et Al Gionfrido, les Cubains mettent la main sur la Serie qu’ils remportent 6-0.
Alacranes del Almendares
De 1949 à 1960, les Cubains se partagent les titres avec Puerto Rico, laissant juste une miette à Panama en 1950. Sur ces premières années, Cuba remportent 7 titres (Almedares, Cienfuego, Habana, Marianao) et les Boricuas 4 (Santurce et Caguas). Petite précision : la République Dominicaine et le Mexique ne participent pas au tournoi à cette époque.
Leones de Habana
Elefantes de Cienfuegos
Après le « Triomphe de la Révolution », Fidel Castro décida d’interdire les équipes professionnelles dans son pays. Nous sommes en 1960 et Cuba quitte la Serie après une dernière victoire des Elefantes de Cienfuegos à Panama. 1960-1994 : fin de partie pour nos Amis Cubains.
Vidée de sa substance, la Serie del Caribe disparaît de l’horizon baseballistique pendant 10 ans pour réapparaître en 1970 avec cette fois la participation de la République Dominicaine puis du Mexique.
La domination Dominicaine
L’édition 1970 voit la première victoire vénézuélienne avec les Navigantes del Magallanes dans un tournoi auquel participent Licey et los Leones de Ponce. Parmi les vainqueurs, on retrouve des joueurs comme Gonzalo Marquez, Gustavo Gil et Aurelio Monteagudo.
Navigantes del Magallanes
En 1971, les Tigres del Licey reviennent dans le tournoi et commencent leur collection de couronnes remportant le premier de leurs 10 titres Caribéens.
Entre 1970 et 2014, la République Dominicaine va remporter 19 titres (Licey 10, Aguilas : 5 et Escogido :4), Puerto Rico 10, suivis par le Venezuela et le Mexique avec 7 couronnes chacun.
Leones de Caracas (1982, 2006) & Venados de Mazatlan (2005)
Le règne dominicain commence donc en 1971 et se renforce sur les années 90 et 2000 avec 13 victoires en 24 éditions. Cette domination coïncide avec le crépuscule du baseball portoricain dont la ligue a failli disparaître pour problèmes financiers et qui n’a plus gagné la Serie del Caribe depuis 14 ans maintenant.
La dernière édition du World Baseball Classic a montré au monde le niveau du baseball latino. Aujourd’hui, environ 90 Dominicains et 70 Vénézuéliens ont un contrat MLB. Paradoxalement, la rançon de ce succès est une fragilisation du beisbol criollo (local). Dans des économies en crise, les équipes locales ont de plus en plus de mal à se payer de bons joueurs. Certes il y a des magnats locaux comme les Bonetti qui ont racheté Escogido. Il y a aussi la passion des joueurs MLB qui reviennent chaque hiver porter l’uniforme de leur équipe de cœur comme Erick Aybar (Licey) ou Pablo Sandoval (Magallanes).
Erick Aybar et un Ami Californien / Pablo Sandoval avant le régime Bambou
Mais, si le vivier ne s’assèche pas et que le passage par la ligue hivernale permet à de jeunes joueurs MLB de se perfectionner et de gagner en expérience (Profar, Leonys Martin, Engel Beltre), de plus en plus de peloteros s’exilent au Japon. Willy Mo Peña, Tony Blanco et aujourd’hui Anderson Hernandez changent le peso en yen et partent tenter leur chance au Pays du Soleil Levant.
Argent mais aussi calendrier. Les Majors Leagers intègrent la ligue hivernale dans leur calendrier de préparation mais doivent rejoindre leur franchise avant la fin de la saison caribéenne. Leonys Martin a rejoint les Rangers fin décembre et Erick Aybar ne disputera pas la Serie del Caribe. On retrouve ici les mêmes problèmes que ceux déjà évoqués au moment du Clasico Mondial. Quelle place aux autres ligues pour un meilleur développement international du baseball ? Cela passe probablement par un aménagement du calendrier international (ligue hivernal, MLB, Japon/Corée) mais aussi une meilleure intégration des ligues locales au parcours de carrière et de progression des joueurs. Rappelons que des joueurs comme José Canseco, Mark Mc Gwire, Mike Piazza et Alex Rodriguez sont passés par la case Licey par exemple.
L’édition 2014
La question que tout le monde se pose au moment où débute l’édition 2014 est sur le niveau de Cuba. Après 44 ans d’absence, l’attente (et le fantasme ?) est énorme autour de cette équipe. Entre les années 50 et le milieu des années 2000, Cuba a tout gagné : championnat du Monde, jeux Olympiques, coupe intercontinentale. Cependant, avec seulement 12 millions d’habitants, un isolement économique, politique et sportif et sans l’argent de la MLB via prospect et académie, un long déclin s’est amorcé : Défaite en finale du WBC n°1, défaite aux jeux de Pékin contre la Corée du Sud, sortie au 2eme tour du WBC09 anesthésié par les japonais et les coréens, défaite en finale de Coupe du monde contre les gringos, défaite en finale de la coupe du monde contre les hollandais, sorti au 2eme tour du WBC13 par ces mêmes hollandais.
Quel est le niveau réel de cette équipe aujourd’hui ? Personne ne le sait vraiment. Une chose est sûre : Villa Clara qui représente Cuba, envoie une équipe très forte à Margarita. A côté du catcher vétéran Ariel Pestano, on trouve dans le roster des joueurs de légende comme Yuliesky Gourriel (.280 au dernier WBC) et Alfredo Despaigne (.389). Tous niveau MLB.
Villa Clara Yuliesky Gourriel
Cuba sera donc la principale équipe à battre pour les 4 autres pays qui auront eux aussi des arguments à faire valoir.
Les Naranjeros de Hermossillo (vainqueur Serie del caribe 1976) ont remporté la Liga Mexicana del Pacifico à l’issue d’une finale à suspens contre les Mayos de Navojoa. Ils arrivent à Margarita avec une équipe expérimentée composée de joueurs comme Gil Velazquez, Alfonso Garcia, Chris Roberson et le vétéran Oliver Perez. À priori pas de nouvelle participation à la Serie del Caribe pour Karim Garcia, l’autre Pelotero de la Patria.
Le Mexique a une ligue hivernale très forte, niveau AAA, et économiquement solide ce qui permet de garder et attirer des joueurs de talents. Si le Mexique n’a gagné la Serie del Caribe que 7 fois, il ne faut pas oublier qu’il ne la dispute que depuis 1971. Il ne faut pas oublier non plus qu’il a gagné deux des trois dernières éditions (Yaquis de Obregon) dont la dernière à l’issue d’une finale équipe en 18 innings et plus de 7 heures de jeu.
Los Naranjeros de Hermosillo
Les Portoricains seront quant à eux représentés par los Indios de Mayaguez, double vainqueurs de la compétition. Ils auront la lourde tâche de maintenir l’excellente impression laissée au World Baseball Classic et de rétablir l’honneur du baseball portoricain : 14 fois vainqueurs de la Serie del Caribe mais sans couronne depuis 14 ans. Pour laver l’affront, les boricuas compteront sur des joueurs comme Pedro Feliciano, Giancarlo Alvarado (WBC13), Luis Figueroa et Ramon Castro.
Los Indios de Mayaguez
Pour la deuxième fois consécutive, les Navigantes (champions 1970 et 1979) représenteront le Venezuela qui n’a plus gagné la Serie del Caribe depuis 2006. A priori, pas de Panda mais retour de Dew Ford après un crochet à Saint Domingue (MVP finale avec Licey), du génial Jardinier Endy Chavez et du fantôme de Carlos Zambrano.
Los Navigantes de Magallanes
Enfin, la légende, el Glorioso Licey, représentera la République Dominicaine auréolé de son 21ème Titre national à l’issue d’une finale au couteau contre le rival éternel Escogido. Licey, c’est le club le plus titré de la Caraibe : 21 titres nationaux et 10 series del Caribe, en attendant mieux. Au pays des Champions du Monde, l’objectif est clairement de ramener un onzième trophée et de mettre un terme au fantasme Cubain. L’équipe en a les moyens avec une bonne rotation et un line up équilibré. Surtout, Licey revient de l’enfer avec un finish à suspens : barrage pour la finale à San Francisco et victoire sur un home run de Juan Francisco au neuvième inning. Un épisode de plus pour une équipe qui continue d’écrire sa propre légende.
El Glorioso Licey
Primier jour Puerto Rico gagne contre Dominicana dans le 10ème et le Mexique l’emporte face à Cuba 🙂 ça commence fort là !!!