Les Nasty Boys
Enfin, on s’intéresse au baseball des années 90, et surtout au phénomène des "Nasty Boys", ce trio de releveurs closers des Cincinnati Reds. Personne ne s’en rappelle, sauf Honus, qui a une mémoire intacte. ESPN aussi sur le coup, qui nous propose un documentaire à ne pas manquer (le lien est en bas de l’article) ! Alors allumez la De Lorean et c’est parti pour une autre époque, celle des nuques longues et des bourinos …..
Pour les plus mauvais en culture baseball, rappelons que les Cincinnati Reds ont été une véritable légende dans les années 70. C’était la bien nommée "Big Red Machine", cette machine qui a tout écrasé dans le baseball, qui a gagné pas moins de 6 titres de division, 4 fois champion de la NL, et deux fois les World Series entre 1970 et 1979. Les Reds c’était donc une véritable dynastie, un âge d’or incroyable avec une équipe Hall of fame (Johnny Bench, Pete Rose, Joe Morgan, Tony Perez Perez, Dave Concepcion, Ken Griffey Sr, Georges Foster, Cesar Geronimo ). Puis le début des années 1980 a mis fin à cette génération dorée….
La Big Red Machine de 1975-1976
ll faudra attendre les années 90 pour voir sortir une nouvelle génération de joueurs d’élite. Mais celle-ci sera bien plus sauvage.
Autant les Reds des années 70 étaient un collectif, ceux des années 90 ressemblent plus à une bande de Rednecks ! Sortis de nulle part, jeunes et peu expérimentés, les Reds vont pourtant surprendre tout le monde.
Parce qu’il faut se rappeler que lors de ces années là, les yeux étaient rivés sur la Californie et les exploits de la nouvelle grosse machine, celle des Oakland A’s ! Et oui depuis 1987, la MLB c’était surtout un phénomène, les Bash Brothers aka Mark McGwire et Jose Canseco, les deux Muscles Man de Californie. Tout le monde prédisait que la nouvelle dynastie du baseball sera celle de Oakland et leur nouveau baseball basé sur la puissance !
Personne ne voyait même cette jeune équipe des Reds menée par un coach colérique, Lou Piniella, comme une équipe candidate au titre. En une saison, 1990, les Reds vont devenir pourtant une machine à gagner, mieux une machine à gagner tous les matchs, le sang aux lèvres, la seule bannière à cette bande de pirates : la gagne et ce, quelque soit le moyen.
Les plus fous d’entre eux étaient sans contestation possible, les Nasty Boys, le trio de releveurs ! Honus revient sur cette bande de tarés.
Echangé contre John Franco, Randy Myers arrive des Mets de New York en 1990. Un peu contre toutes attentes, il va devenir un joueur décisif avec les Reds. Enorme compétiteur, Myers va vite prendre beaucoup de place dans le vestiaire. C’est lui qui désignera les autres releveurs comme des "Nasty players". Myers était un gars un peu barré et vraisemblablement un gros mordu de l’armée: son vestiaire était fermé toujours à double tour, rempli de grenades militaires. Il arrivait à Myers de se balader torse nu dans le vestiaire avec une machette pour couper le fromage ou le salami selon les jours. Son surnom était "Psycho". Son petit truc, mettre la chanson de MC HAMMER "U can’t touch this" quand les Reds gagnaient le match ! La saison 1990 avec les Reds va faire du gaucher un Top player (31 saves).
Myers "U Can’t Touch This"
Robb Dibble a été quant à lui drafté par les Reds en 1983. Il est un pur produit local et il va monter peu à peu les étapes pour exploser lui aussi en 1990. Il est un véritable monstre sur le monticule. Avec sa jambe qui monte trés haut et son corps de taureau, il peut lancer à 100 MPH, ce qui est juste extraordinaire et inégalé à l’époque. Il devient le Closer "qui fait peur", le nouveau Goose Gossage ! Son arme est donc une balle rapide, et surtout il n’a peur de rien. Un caractère explosif qui peut le mener à la bagarre. Lorsqu’un joueur des Cubs lui dépose un bunt, il lance dans le dos du joueur pour lui rappeler que ca se fait pas sur un terrain ! Qu’importe l’expulsion qui suit derrière (voir vidéo en Bhonus).
Dibble est le Closer qui s’assure généralement du save en 9e manche et il lui arrive de blanchir une manche en 9 lancers. Mais du fait de son caractère pour le moins colérique et de ses montées en pression, Piniella le met quelque fois à l’amende lui préférant un autre Nasty Boy, et ce afin de lui rappeler qu’il n’est rien du tout, histoire de le maintenir toujours sous pression. Une anecdote en dit long sur le personnage. Un soir, Lou Piniella ne fait pas appel à lui pour finir une partie. Les journalistes, curieux, demandent alors au coach après le match perdu : "Lou, mais pourquoi n’avez vous fait pas lancer Dibble" ? Piniella répond un rapide "il était blessé"…. Les journalistes vont alors voir Dibble dans les vestiaires pour lui demander si la blessure est grave, et Dibble répond : " Mais non, je n’ai jamais été blessé, le coach est un menteur" ! Les journalistes repartent voir Piniella dans la foulée et l’informent de sa réponse. Piniella fonce dans le vestiaire et met une droite à Dibble ; Bagarre dans le vestiaire devant des journalistes ravis d’avoir trouvé une jolie histoire à raconter !
Dibble le tueur
Enfin, le dernier est Norm Charlton qui semblait le plus instruit et qui avait fait des études universitaires. Il peut lancer en starter mais il va devenir un middle releveur de qualité. Son surnom était "Sheriff" mais Charlton était également un psychopathe sur le terrain. Là encore une anecdote en dit long sur lui : lors d’un match, il passe au bâton en tant que lanceur contre les Dodgers, et il est victime d’un Hit by pitch (HBP). Charlton ne dit rien et part en première. Tout le monde sait qu’on ne fait pas un HBP sur un lanceur. Charlton profite alors d’une course au marbre pour exploser le catcher en guise de représailles. Pas de slide, juste un choc au marbre pour rappeler à Mike Scioscia qu’il y a certaines règles dans le baseball qu’il faut respecter (on revoit cette séquence dans le documentaire bien évidemment).
Charlton le 3e Nasty Boy
Finalement, au delà de leur dinguerie quotidiennes, les 3 Nasty Boys sont surtout des défenseurs du baseball Old School !
Lou Piniella va utiliser ces trois lanceurs de la manière suivante : à chaque manche à partir de la 7e manche, un "Nasty boy" différent. Et cela va marcher.
Myers sort avec une fiche de 4 wins -6 lose et 31 saves sur la saison, Dibble 8-3 et 11 saves, et Charlton 12-9 et 2 saves. Soit 44 saves à eux trois, avec quand même 351 K sur la saison au total !
Au fur et à mesure de leur succès sur le terrain, les trois terreurs vont devenir l’attraction rock n’ roll de la MLB. Ils sont sélectionnés au All star Game 1990 du fait de leur jeune popularité. Il commence à se dire chez les adversaires que si tu es derrière à la fin de la 6e manche contre les Reds, ben c’est foutu pour toi.
Le secret de leur succès selon eux, c’était une absence d’ego entre eux et de la moindre jalousie entre eux. Seul compte la victoire.
Alors on dit que le baseball c’est avant tout le pitching. C’est vrai bien sur, même si on ne peut résumer le succès des Reds à leur pitching. Car les Reds de cette saison, c’est aussi des menaces au bâton avec Barry Larkin en short stop (.301 et 30 bases volées), Eric "Superman" Davis au champ centre (.260, 24 HR et 86 RBI), et Chris Sabo le binocleux en 3e base (.271, 25 HR, 71 RBI).
L’équipe des Reds est donc la surprise de la National League en 1990. Ils battent les magnifiques Pirates en NLCS et vont jouer les redoutables Oakland A’s en World Series.
Les Oakland A’s en 1990, c’est quand même une équipe d’un autre monde, voire même l’équipe du futur du baseball ! Avec 103 victoires pour 59 défaites, ils ont battu tout le monde en American League ! Des bâtons puissamment stéroidiens avec Jose Canseco (37 HR, 101 RBI), Mark McGwire (39 HR, 108 RBI), Rickey Henderson (.325, 28 HR, 119 points et 65 bases volées !), mais également de redoutables lanceurs, comme Dave Stewart (22-11, 2.56 d’Era) Bob Welch (27-6, 2.95 d’Era) avec comme closer le futur Hall of Fame, Dennis Eckersley, 48 saves et un Era de 0.61 sur la saison 1990 !
Et pourtant, ce qui s’annonçait comme une défaite annoncée des Reds contre l’Ogre Californien va se transformer en incroyable victoire des Reds, et même un Sweep des Reds par 4 victoires à 0 !
Incroyable.
Jose Rijo le starter des Reds signera 2 matchs parfaits durant ce sweep. Mais la relève fera également un travail terrible. Lors des World Series contre Oakland, les stats des Nasty Boys sont les suivantes : Dibble : ERA de 0.00 en 4 2/3 manches lancées lors de 3 matchs, Charlton ERA de 0.00 en 1 manche, Myers ERA de 0.00 and 3 manches lancés sur 3 matchs.
Chez Honus, on dira que les Nasty Boys auront gagné les World Series à eux seuls !
Aussi tarés dans leur vie que solidaires sur le terrain, les Nasty Boys ont signé l’une des pages les plus rock’n’roll de ces dernières années.
Les Nasty Boys, ce n’était cependant pas fait pour durer. il faut savoir que cela ne va durer qu’une seule année, comme une explosion dans le ciel. En 1991, Randy Myers quitte les reds pour devenir le closer des San Diego Padres et remporter 53 saves ! Il deviendra un des meilleurs closers des années 90.
Norm Charlton et Rob Dibble ne semblent pas se remettre du départ de leur ami. Dibble n’est plus All Star dés l’année 1991, Charlton signe une pauvre fiche de 3-5 en 1991. Dibble jouera en MLB que quelques saisons de plus et quittera "the show" dés 1995.
Telle une météorite, aucun des Reds n’a pu réussir une carrière digne de leurs ainés des années 70. Tous ont explosé en plein vol : Eric Davis miné par ses blessures n’a jamais pu confirmer, Tod Browning n’a réussi que deux belle saisons, Jose Rijo disparait des radars trés rapidement, Barry Larkin sera élu au Hall of fame un de ces jours certainement par une commission obscure mais il n’aura pas eu la carrière promise, et la réunion des Nasty Boys n’a donc duré qu’une saison.
Un titre : les World Series 1990 contre l’équipe des Oakland A’s et puis plus rien….
Il restera, au delà d’une aventure humaine, une conception du pitching multicartes avec une équipe de releveurs starters qui a fait aujourd’hui des émules, vous pouvez regarder du coté des Rays de Tampa Bay pour le constater.
Bon visionnage !
BHONUS :
Des images video de Robb Dibble qui sont parlantes !
Et enfin une belle vidéo d’époque sur cette saison des Reds !