Le Baseball selon Amélie Mancini, tout un art !
How can you not be romantic about baseball?*
Comment ne pas tomber amoureux de ce sport ? Nous, français, avons du mal avec les règles du baseball, ses statistiques, son rythme de jeu, sa culture sportive et populaire. Mettez un français dans le Yankee Stadium ou le Fenway Park, ce qu’il appréciera le plus, ce sont les hot-dogs. Pourtant, certains d’entre nous tombent amoureux du baseball, deviennent des passionnés, des « fans ». Comme un coup de foudre. Comme touchés par la grâce divine du coup de batte de Babe Ruth. Mais quand cette émotion est ressentie par une jeune artiste de la région lyonnaise expatriée dans la Grosse Pomme, cela donne une étonnante rencontre entre passion, art et baseball.
Une rencontre et donc une histoire. Une histoire qu’Honus ne pouvait manquer. Nous sommes donc allés à la rencontre d’Amélie Mancini, jeune artiste né en 1982 à Lyon, diplômée de la Sorbonne, arrivée à New York en 2006 et tombée amoureuse du baseball en 2007. Cette fan des Mets, qui vit à Brooklyn -ancienne terre des Dodgers-, a donc mis une partie de son talent au service de la Cause, le baseball, à travers expositions, peintures, cartes de baseball. Un travail popularisé aussi bien dans le milieu des Arts que dans celui du baseball, particulièrement grâce à ses séries de cartes de baseball au sujet aussi amusants qu’étranges que les blessures bizarres ou les noms de famille comestibles de nos chers Major Leaguers. Mais son nom résonnant bien plus outre-Atlantique que dans sa patrie natale, nous nous devions de réparer l’injustice.
Bonjour Amélie. Débutons en résolvant un mystère. Comment passe-t-on de jeune lyonnaise débarquant dans la Grosse Pomme à fan des Mets ? Comment cette transformation quasi-alchimique a pris forme ?
Haha ! Et bien disons que tout a commencé un soir d’été en 2007 lorsque des amis m’ont emmené voir mon premier match de baseball à Shea Stadium. Les Mets jouaient contre les Phillies, et bien qu’ils aient perdu ce soir-là, j’étais fascinée par l’ambiance, les dimensions du stade, la vue sur New York, les chants des supporters, les uniformes, les règles qui me semblaient complètement obscures et mystérieuses malgré les explications de mes amis… Pour moi, c’était vraiment l’essence de l’Amérique que j’avais sous les yeux, et comme j’adore l’Amérique… Après ça je me suis mise à regarder les matchs qui passent à la télé dans les bars, à lire les pages sports du New York Post et à suivre les exploits ou plutôt les mésaventures de mon équipe adoptive, les Mets. Et plus j’en apprenais sur le baseball, plus j’en suis venue à apprécier les subtilités et la beauté de ce sport.
Et pourquoi les Mets plutôt que les Yankees parce que les Yankees… et bien ce sont les Yankees quoi (question d’un fan des Yankees!) ?
Honnêtement je n’y connaissais rien du tout quand j’ai choisi les Mets. Tous mes amis étaient fans des Mets donc j’ai tout bêtement rejoint le groupe ! Mais en fait ça me va très bien, parce que je trouve ça beaucoup plus intéressant, et d’une certaine façon plus réaliste et vrai, d’être fan d’une équipe de bras cassés plutôt que des grands méchants pleins de fric qui gagnent tout le temps. En terme de leçons de vie, les fans des Mets sont beaucoup plus philosophes que les fans des Yankees. La défaite ça forge le caractère ! Mais mon copain est fan des Yankees, donc je les tolère quand même. Je suis un peu obligée.
Tu as débuté tes travaux sur le baseball en 2010, notamment par une exposition nommée Sacrebleu ! Napoléon would have made a Fine Short-stop, avec un travail sur de grands joueurs comme Babe Ruth ou Sandy Koufax. Napoléon aurait eu aussi une bonne moyenne de frappe ?
Je pense que Napoleon aurait été un très grand joueur de baseball. Enfin, un très grand joueur de baseball à très petit gabarit.
Par la suite, tu as créé plusieurs séries de cartes sur le baseball, qui ont réellement popularisé ton travail : Marvelous Moustaches, Edible All-Stars, Bizarre Injuries. Peux tu nous expliquer les origines de ces séries ?
J’étais très déçue et frustrée à la suite de mon travail sur Sacrebleu! de n’avoir rien vendu. Ces toiles sont très grandes et donc très difficiles à vendre. J’ai donc eu envie de faire quelque chose de plus abordable et de plus léger. J’adore les cartes de baseball et donc il m’a paru naturel de lancer ma propre collection. Je ne voulais pas simplement dessiner les plus grands joueurs car ça ne me paraissait pas avoir un grand intérêt, j’aime l’art qui a le sens de l’humour ! D’autant plus que mon style n’est pas du tout réaliste, donc j’ai choisi des thèmes un peu décalés, voire absurdes comme les joueurs à noms comestibles.
Alors pour toi, la plus Marvelous des Moustaches de nos Major Leaguers, c’est laquelle ?
En tant que fan des Mets, je suis obligée de répondre Keith Hernandez, mais vraiment j’apprécie toutes sortes de styles différents. La moustache s’est un peu perdue de nos jours, c’est dommage. Dans les joueurs actuels, John Axford en avait une très belle qu’il a rasé récemment, quelle erreur.
Et la plus improbable blessure que tu es trouvée ?
Nolan Ryan et sa morsure de coyote.
On lit dans la presse que tu es une vraie passionnée de baseball. En plus des Mets, apprécies-tu d’autres équipes, des joueurs en particulier, des époques particulières ?
J’ai une tendresse particulière pour les équipes de losers, surtout quand elles se mettent à gagner de façon inattendue ! Cette année, par exemple, les Washington Nationals, Pittsburgh Pirates et Baltimore Orioles qui étaient les éternels perdants ont des super saisons. Sinon les sept joueurs dont j’ai peint le portrait me fascinent quelque soit leur équipe ou l’époque a laquelle ils aient joué : Roger Maris l’incompris, Ty Cobb le monstre, Harvey Haddix l’oublié…
As tu l’occasion de pratiquer le baseball ou le softball depuis ? Ou de te renseigner sur le baseball français ?
J’ai deux battes, un gant et quelques balles mais je n’ai jamais joué en vrai ! Juste quelques passes dans le parc avec mon copain. J’aimerais bien faire partie d’une équipe un jour mais en fait je ne suis pas très douée avec les balles… Je me sens plus à l’aise avec un pinceau ! Je ne savais pas que le baseball existait en France alors j’ai été ravie de l’apprendre, et j’adorerais faire des cartes de joueurs français un jour…
Sur quels autres sujet aimes-tu travailler ? Comment définis tu ton art ?
Le sport en général, mais aussi les animaux, les montagnes, les héros grecs… Ce qui m’intéresse, ce sont les corps en action, le drame humain, l’inquiétante étrangeté, les ambiguïtés spatiales et une subtilité dans les rapports colorés. Pour moi la peinture est un langage avec des codes, des signes et un vocabulaire, et j’éprouve beaucoup de plaisir à travailler ce langage, à l’explorer dans toute sa richesse.
Quelle est ton actualité et quels sont tes projets, notamment pour le baseball ?
Des collaborations avec Topps (la compagnie de cartes de baseball) et la NBA et une ligne de casquettes inspirée par les cartes des Marvelous Moustaches ! Et la prochaine série prévue pour le 4 octobre.
Merci Amélie. Comme on est sympa (et qu’il y a forcément des fans des Mets dans les lecteurs honusiens), on te laisse le dernier mot :
Let’s go Mets bien évidemment !
* Phrase que prononce Billy Bean dans Moneyball.
bHonus :
Site officiel d’Amélie Mancini
Site officiel de ses cartes de baseball : Left Field Cards
Article d’ESPN sur Left Field Cards
Article (en français!) du French Morning New York
De nombreux médias américains ont écrit sur ou interviewé Amélie Mancini. Nous vous recommandons en particulier ces deux interviews, l’une faite par le site Mets360 (site d’informations fait par des fans des Mets), l’autre par le site The Classical (site d’infos indépendant sur le sport).
Nice Catch ! Trés bon article et merci à Amélie fan du baseball à moustache
Bravo Gaët’ et merci à Amélie !
Yes Baby !
Une artiste française, qui soutient les causes des petits face à l’Empire, de l’art, les moustaches, de la culture Baseball… Nice Catch Gaétan !