La malédiction des Indians
Certains ont été surpris que les Indians perdent les World Series 2016. Mais point Honus. A la rédaction, nous avons toujours un livre d’histoire pas loin du bureau. Il est vrai que les Indians jouaient contre un club Maudit, les Cubs de Chicago, et qu’on pouvait donc se dire qu’en bons joueurs maudits, Chicago devait donc perdre le duel. Mais ce que vous ne savez pas est que les Indians sont un club également maudit, et ce à plusieurs titres. Donc les World Series 2016 étaient bien un duel de malédictions. Et l’on sait désormais que Billy le Bouc n’est plus qu’un souvenir pour Chicago. Il reste donc à vous présenter la malédiction des Indians pour comprendre quelle est leur horrible destinée !
Pour résumer, les Indians de Cleveland sont l’archétype de l’équipe de losers. Fondés en 1894, les Indians ont gagné le titre en 1920 puis en 1948. Depuis, rien du tout. C’est bien le désert et surtout les Indians semblent l’éternel équipe de perdants depuis prés de 60 ans. De 1960 à 1993, ils ont quand même collé pendant prés de 30 ans aux dernières places de leur championnat. De vrais champions en ce sens. Retour sur les raisons d’une telle lose.
La réalité est que les Indians ont multiplié les mauvais gestes et les Dieux les ont maudits en retour. Premier erreur, le logo même de la Franchise. Le logo original des Indians est un chef indien, le dénommé "Chief Wahoo", qui sourit avec ses grandes dents. L’origine même de ce logo viendrait du nom des Indians. Mais pourquoi donc l’équipe de Cleveland s’est nommé les "Indians" ? La version officielle serait que l’équipe de Cleveland se serait nommée ainsi en hommage à Louis Sockalexis, le premier joueur d’origine indienne (et non grec….), indien entendu comme descendant des indiens d’Amérique.
L’origine des Indians selon Ben Sakoguchi
(Source http://www.sakoguchi.info/pirates-indians/)
La réalité est un peu différente, puisque lorsque Sockalexis a joué pour Cleveland en 1897, il a surtout reçu les railleries et les pires insultes en tant que bon indien par le public blanc des tribunes. Sockalexis aura laissé de plus le souvenir d’un joueur médiocre, ne restant que 2 ans à Cleveland, fatigué par un grave alcoolisme et les insultes racistes des fans locaux. Sockalexis n’est donc pas la raison. C’est vraisemblablement plus l’idée que les Indians peuvent représenter des "guerriers" qui aurait conduit le club à se baptiser ainsi en 1915. Mais au-delà de l’origine du nom, c’est surtout la représentation des Indians qui est au centre d’une polémique. Aujourd’hui, la figure de Chief Wahoo est trés critiquée, car elle symboliserait à travers la caricature de l’indien, le racisme du peuple blanc pour la population indienne. Tel l’enseigne Banania, le Chief Wahoo doit aujourd’hui disparaître…. Certains y voient là le premier épisode d’une certaine malédiction comme la presse de Cleveland…..
Seconde erreur, bien plus tardive, c’est l’épisode Rocky Colavito. Colavito était le joueur le plus populaire de Cleveland à la fin des années 50. La raison de cette popularité, son amour pour la franchise et surtout une puissance rare puisque Colavito avait frappé 41 HR en 1958 et 42 HR en 1959. Les Indians sont l’équipe qui monte dans les années 50 et Colavito, alors âgé de 26 ans, est son nouveau héros.
Rocky Colavito, métier : héros à Cleveland (Courtesy Sports Illustrated)
Mais le General Manager Frank Lane en a décidé autrement. Il n’aime pas ce joueur. Pour lui, Colavito prend beaucoup trop de strike outs : il est vrai que Colavito a pris 89 K en 1958 et 86 K en 1959, ce qui n’est pas beaucoup par rapport aux standards actuels ( beaucoup de power hitter comme Ryan Howard ou Adam Dunn frôlent de nos jours les 200 K par saison) mais qui l’est dans les standards des années 50 qui recherchent les contacts hitters. Bref, Frank Lane annonce à Colavito en 1960 lors des spring training qu’il est tradé à Detroit et ce contre Harvey Kuenn, un frappeur de simple. Kuenn est un bon frappeur de simple à la moyenne de .353 ! Colavito est meurtri par la nouvelle, lui qui aimait plus que tout Cleveland. La presse à Detroit acclame le deal avec le titre "42 Home runs pour 135 simples" ! Les journalistes s’en donnent à coeur joie, s’étonnant du trade pour le moins stupide de l’organisation de Cleveland.
Le manager Frank Lane qui vivait en réalité trés mal la popularité de Colavito souhaitait se débarrasser de cette super star. Bien mal vu car les Indians sans leur héros vont devenir une équipe à la dérive. Ils vont commencer à perdre de plus en plus de matchs. Colavito exilé continuera à tout casser de con côté, sous l’uniforme des Detroit Tigers puis des Oakland A’s. En 1965, les Cleveland Indians enfin débarrassé de leur GM Frank Lane parviennent à faire revenir Colavito. Il a alors 31 ans et signe une belle saison. Mais c’est bientôt la fin de carrière pour Colavito et les Indians doivent se faire à l’idée qu’ils ont bel et bien raté leur chance de parvenir au sommet. Depuis l’épisode Colavito, les Indians n’ont jamais pu se rapprocher de la première place de leur division entre 1960 et 1993. La malédiction Colavito, c’est une malédiction du type Babe Ruth. Le trade d’un joueur a provoqué la malédiction. A la question de savoir si Colavito aurait maudit l’équipe, le joueur répond "non, bien sûr. Par contre, Lane lui l’a maudit".
Colavito de retour en 1965 : ca y est Frank Lane est mort
Depuis Colavito, les Indians deviennent ainsi l’archetype de l’équipe de la lose. Sans suspens, ils sont toujours derniers de leur poule. Les saisons se succédant et les résultats identiques. Les rares bons joueurs qui y passent n’aspirant qu’à quitter la franchise au plus vite (par exemple Joe Carter ou Sandy Alomar). Mais les malheurs vont se succéder pour la franchise. Rien ne semble sortir l’équipe des profondeurs du classement. Avant la saison 1987, les journalistes de Sports Illustrated considèrent que l’équipe en pleine renaissance affiche de sérieux espoirs de remporter le titre en American League. Les Indians seraient même "l’équipe la plus talentueuse" selon le magazine avec des photos de Joe Carter et de Cory Snyder (Snyder, précisé "à gauche", car personne dans le public ne les connaît (sic).
Manque de pot, la saison va mal se passer et les Indians vont signer la saison la plus terrible de la MLB avec 101 défaites…. Ne jamais vendre la peau de l’ours….. 3ème erreur de la Franchise ! Depuis cet incident, les Indians refusent tout interview par le magazine "Sports Illustrated"….
Leur réputation de losers est même exploitée à l’écran puisque les Indians deviennent les héros de la comédie "Major League" signé David Ward, soit "les Indians" sorti en France en 1989. Charlie Sheen y joue Rick Vaughn un lanceur closer surnommé "Wild thing", Tom Berenger est Jack Taylor un catcher sur le retour, Wesley Snipes, un voleur de bases…. Dans ce film, un propriétaire a l’idée de rassembler les pires joueurs sur le marché afin de battre des records de défaites et pouvoir enfin quitter Cleveland pour Miami. Mais le plan ne va pas se dérouler comme prévu et les joueurs en question vont se rebeller et tout gagner en retour !
Le duo culte Vaughn / Taylor
Le film est un monument de cinéma de sport des années 90. Le film qui aura même fait découvrir le baseball aux français. Les Indians seront un énorme succès pour le baseball français qui a su se reconnaître avec une certaine passion un faible pour les bons derniers du baseball.
A croire que Cleveland ressuscite dans les années 90. Le nouveau président a la bonne idée de déménager les Indians dans un nouveau stade en 1994 : Jacob Field. Ils parviennent même en 1995 à gagner enfin un titre de division avec des batteur incroyables (Manny Ramirez, Jim Thome, Albert Belle). Mais ils prendront au final une volée contre les Braves d’Atlanta en World Series.
Les Indians deviennent même une équipe régulière qui gagne les titres de division de 1995 à 2001. On pourrait croire que les Cleveland Indians en 1997 sont prêts à vaincre leur démons. Ils rejouent les World Series contre une équipe de seconde zone, les Florida Marlins, que personne n’attendait. Mais là encore, rien ne va marcher comme prévu. Le match 7 des World Series va voir José Mesa le closer des Indians venir pour la victoire finale en 9ème manche. Mais José Mesa va foirer son save. Les Marlins égalisent en 9ème. Le match part en prolongation et c’est au final Edgar Renteria qui frappe un hit gagnant en 11ème manche qui fait gagner les Marlins !
Jose Mesa, un maudit parmi les maudits
En 2007, Cleveland mène la finale de l’AL contre les Boston Red Sox 3 matchs à 1. Ils ne sont plus qu’à 1 match de la victoire, mais ils finiront par perdre les matchs 5, 6, et 7 face à des Red Sox qui ont rendez vous avec leur destin.
Les plus naifs peuvent croire que ces défaites crèves-coeurs sont le fruit du hasard ou du sport….. les autres ouvriront les yeux : les Indians sont maudits !
A voir la direction de Cleveland se démener pour lutter contre tous les mauvais présages et supprimer le Chief Wahoo, on pourrait croire que les Indians tiennent le bon bout. Or rien du tout. En effet, et personne ne semble s’y être attardé mais la véritable malédiction qui va pourrir encore un temps les Indians est l’épisode Charlie Sheen. C’est une malédiction dont, semble t’il, seul votre blog mesure l’importance aujourd’hui !
Et oui, Charlie Sheen déguisé en "Wild Thing" (comme dans les Indians) voulait lancer la première balle du match lors des World Series. Le public de Cleveland aurait adoré. Or la direction de Cleveland n’a pas même répondu aux sollicitations de la star hollywoodienne, préférant confier le rôle à une ancienne "star" du club. Charlie Sheen est apparu bien déçu tandis que la direction a vraisemblablement souhaité que la franchise soit pour une fois prise au sérieux (?!). On croît rêver…..
Charlie Sheen s’est présenté malgré tout sur son compte Twitter habillé en "Wild Thing", prêt à en découdre et à lancer !
Charlie Sheen sur son compte Twitter
Mais la direction est restée de marbre. Ayant l’amour du maillot avant tout, Charlie Sheen est même venu au stade lors du match 7, déguisé en Rick Vaughan et armé d’un sac de grigris afin de chasser tous les mauvais esprits. Les plus observateurs auront même vu qu’il avait pris ses lunettes têtes de morts et surtout Jobu !
Et pourtant Jobu était là….
Mais rien n’y a fait, le mal était fait ! Résultat des courses, Billy le Bouc a préféré oublié sa malédiction, les Cubs gagnent le titre ultime et un lanceur du nom de Corey Kluber, jusque là tout à fait intouchable et qui avait signé le record de K en un match des Worls Series lors du match 1 (9 K en 11 frappeurs quand même) a lancé le match 7 sans réussir un strike out. Au final, les Indians perdent le match 7 de manière tout à fait honorable et de nombreux commentateurs considèrent que ces World Series 2016 seront légendaires. Mais il est à craindre que Cleveland, en ayant refusé à Wild Thing le lancer inaugural, se soit maudit une nouvelle fois. Nous ne sommes pas superstitieux chez Honus, mais il ne faudrait pas que l’équipe soit trés rapidement décimée dans un prochain accident d’avion….. en tout cas, chez Honus, on croise les doigts pour que cela n’arrive pas !