Après un nouveau périple improbable, je suis enfin de retour au bercail. Une semaine après la fin du WBC, l’heure est venue de faire le bilan, calmement, comme diraient Jacky et Benji – philosophes bien connus des milieux autorisés -.

La finale a sans doute été le match le plus ennuyeux de toute cette dernière phase. L’équipe favorite, Porto Rico, a été totalement muselée par le lanceur américain Marcus Stroman, nommé sans contestation MVP de la compétition. Il a fallu attendre la 7e manche pour qu’Angel Pagan ne frappe le premier hit du match pour son équipe. À l’exception d’Adam Jones, tout l’alignement américain a frappé au moins un coup sûr, pour un total de 13, ne laissant aucune place au suspense. (Le dernier retrait filmé par Cousin Yhonus, ici)

Stroman a donc été l’auteur d’une performance brillante après son mauvais départ en phase qualificative face à la même équipe portoricaine (4 points mérités en première manche et le match perdu à son compte). Mais, cette performance ne masque pas le manque d’intérêt de la MLB pour cette compétition. Stroman est un jeune lanceur performant, bien installé dans la rotation des Blue Jays, mais ce n’est sûrement pas le meilleur lanceur américain. Clayton Kershaw, Justin Verlander ou Kyle Hendricks auraient été plus légitimes sur le monticule mais aucun des trois n’était dans la sélection. Les joueurs de position étaient aussi de très bon niveau, certains incontestables comme Eric Hosmer, Buster Posey, ou Nolan Arenado mais on peut malgré tout s’interroger sur l’absence de Corey Seager, Krys Bryant ou encore Mike Trout.

Alors pourquoi les américains n’envoient-ils pas leurs meilleurs joueurs au WBC ?

Une discussion avec mon voisin, membre du staff de la team US U18, m’apporte quelques éléments de réponse – et quelques bières bravement partagées -. La MLB, peut-être à l’image de l’Amérique, est partagée entre deux courants qui soutiennent le WBC ou le rejettent impitoyablement. Selon ce cher Lacourt, c’est l’ignorance de l’engouement international pour le baseball qui conduit certains propriétaires et managers à ne pas vouloir envoyer leurs meilleurs joueurs disputer une compétition très relevée au mois de mars. Ce moment de l’année c’est plutôt l’époque d’une préparation tranquille et ensoleillée (le spring training) pour une saison qui sera très longue.

Prenant sans hésitation la défense du WBC, j’avance plusieurs arguments, arguant du fait que le public est bien là (plus d’1 millions de billets vendus au total et une affluence de 51565 spectateurs lors de la finale) et, en bon européen, que la Coupe du Monde de football et la Champions League cohabitent sans problème. Mais je ne suis pas sûr de parvenir à réconcilier l’Amérique aussi facilement… (Un rassemblement de gens en casquette rouge filmé par Cousin Yhonus, témoin de notre temps, ici)

Une autre question me taraude : comment les autres équipes arrivent à avoir les meilleurs joueurs nationaux dans leur roster ?

Une piste est avancée par mon nouvel ami John rencontré dans son atelier de gravure et fan invétéré des Pirates de Pittsburgh : pour ces joueurs, notamment les latino-américains, le WBC est un rendez-vous immanquable et ils imposeraient d’intégrer à leur contrat une close pour que leur franchise les libèrent tous les quatre ans. Mais cette piste reste à confirmer, John étant un personnage aussi chaleureux que cultivé mais aussi affectionnant une plante verte largement consommée en Californie (NDLR : il s’agit ici de la Verveine)

 Ces longues réflexions existentielles m’ont tranquillement accompagnées vers la fin de mon séjour californien, appréciant un dernier coucher de soleil au volant de ma Dodge rutilante. 

Il ne reste plus qu’à espérer que les instances du baseball perpétuent cette passionnante compétition et qu’une nouvelle édition sera disputée dans 4 ans avec autant de ferveur sur le terrain que dans les tribunes. Ma mission étant incontestablement remplie, il ne fait plus de doute que la rédaction d’Honus renverra alors le cousin Yhonus braver à nouveau une Amérique redevenue comme promis « Great Again » !

Merci Cousin !

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