Tiffany Brooks en exclusivité Honus !
Voilà l’interview d’une joueuse de baseball américaine, Tiffany Brooks qui a signé un contrat professionnel avec l’équipe masculine de baseball des Big Ben Cowboys de Alpine, dans le Texas, en 2010 (Continental Baseball League)…… Elle marche donc sur les pas de Ila Borders qui a lancé chez les Saint Paul Saints dans la Northern league à la fin des années 90, mais aussi sur celles des légendes Mamie "Peanut" Johnson des Negro Leagues (Indianapolis Clowns 1953-1955) et Jackie Mitchell, cette lanceuse qui a strike-outé notamment à la suite le Babe et Lou Gehrig, lors d’un match d’exhibition dans les années 30. Pour la petite anecdote, Tiffany Brooks est la deuxième femme et la première américaine à signer pro au XXIe siècle en tant que lanceuse dans une équipe professionnelle masculine (Eri Yoshida fut la première en 2009 au Japon avec les Kobe 9 Cruise avant de signer chez les Chico Outlaws aux Etats-Unis).
Un interview en mega exclusivité pour Honus !
Gaetan : Salut Tiffany, pouvez-vous vous présenter, vous et votre carrière sportive ?
Tiffany : Comme de nombreuses personnes le savent, je suis la seule joueuse de baseball à évoluer au niveau professionnel aux USA (Lanceur / 1ère base) et l’une des deux seules filles à affronter des hommes en baseball (avec Eri Yoshida NDLR). Je suis également la seule joueuse à lancer à un tel niveau à ce jour. J’ai signé un contrat en 2010 dans la ligue "Continental Baseball League" (Ligue indépendante, aujourd’hui disparue) et j’ai percé au spring training pour faire ma place dans le roster. Ceci fait de moi la première lanceuse du 21e siècle à signer un contrat professionnel dans le baseball professionnel masculin, et je suis la première depuis lla Borders. J’ai été retenue dans le roster, mais j’ai appris finalement quelques jours plus tard que j’étais écartée de l’équipe ("release") sans avoir eu l’opportunité de jouer. Je suis également la seule fille membre de l’équipe "Hollywwod Legends Barnstorming" (composée d’ex joueurs de la MLB) et je suis la première et la seule fille à avoir jouer en ligue d’hiver de Californie et en ligue d’été de l’Arizona, et l’une des deux seules à avoir joué en ligue d’hiver de l’Arizona. Je suis la seule femme à avoir joué à ces trois niveaux. Je peux dire que je suis également la seule femme à avoir joué en 3e division en Hollande, ce qui n’était pas arrivé en plus de 100 ans d’histoire, mais je n’ai pas encore pu le vérifier. Je suis souvent la seule femme à jouer dans les tournois de baseball amateurs, et la seule dans la ligue régionale où j’ai pu jouer au meilleur niveau (+18 ans).
J’ai commencé le baseball à l’âge de 4 ans, avec le tee ball, puis j’ai joué finalement au Softball, notamment à l’Université de Gonzaga, puis j’ai joué dans différents pays, notamment en coupe d’Europe et en "Joudr’s Cup" aprés avoir fait une apparition lors de la coupe du Canada en 2005 et dans les championnats féminins A/B ASA. Grace à mon coach Quansio Quant, aprés avoir joué au baseball à nouveau en 2007 en Hollande, j’ai eu l’opportunité de rejouer au baseball et je n’ai pas cessé depuis. J’ai récemment appris le lancer submarine et j’espère que cela me permettra de percer pour signer un nouveau contrat en 2012.
G : Pourquoi avoir choisi le baseball et pas le softball comme les autres filles le font généralement ?
T : Bon, premièrement, je ne dirai pas que j’ai choisi le baseball, c’est lui qui m’a choisi ! J’ai toujours adoré le baseball. J’aime le rythme du jeu, je l’aime dans toutes ses composantes. Le softball, c’est plaisant aussi, mais d’une façon différente. C’est un jeu très, très rapide et même si les deux jeux sont similaires par certains aspects, ils ne sont pas les mêmes. Beaucoup d’hommes jouent au softball, bien sûr, et sont très forts (et spécialement les joueurs de Nouvelle Zélande) et je constate que de plus en plus de filles retournent au baseball. Donc, je ne crois pas que chacun de ces sports est forcément lié à un sexe. On jouait au baseball aux Etats Unis bien avant que le softball ait été inventé, par des hommes qui jouaient notamment à l’intérieur d’usines, là où le softball a été inventé pour ne pas abimer les machines, et à travers le monde, il y a plus de femmes qui jouent au baseball qu’au softball. Un autre point important est que les filles ne choississent pas le softball en réalité. C’est souvent la seule option qu’elles ont pour jouer ! J’espère qu’avec mon parcours, j’aiderai à faire changer les mentalités.
G : Comment êtes vous parvenu à signer dans une équipe professionnelle ? Vous avez été draftée ou vous avez signé suite à un essai (tryout) ? Et quelle était votre motivation ?
T : Avant de signer avec mon agent actuel (Nello Gamberdino de NPG sports), je faisais tout moi même, et je m’occupais notamment de ma propre communication. J’ai contacté de nombreuses équipes pour savoir s’ils seraient intéressées par me tester ou pour m’inviter aux spring trainings. De façon très simple, ma seule motivation était de jouer au meilleur niveau possible. J’ai longtemps cherché et je me suis rendu compte que les ligues indépendantes étaient la seule véritable opportunité pour les joueurs un peu différents, qui ne rentrent pas dans le moule ou qui ont été délaissés. Des fois, je me dis que les ligues indépendantes sont un peu le paradis des laissés pour compte (un peu comme les jouets dans "the island of misfits toys"). On cherche tous à trouver un endroit dans lequel on se sent bien. J’ai été trés excitée par l’invitation pour le spring training et aprés une semaine, j’ai réussi à percer et j’ai intégré le roster de l’équipe. J’ai été trés heureuse d’avoir cette opportunité, et j’espère que ceci va encourager plus de femmes à intégrer les ligues locales et jouer avec les hommes. J’espère que mon parcours va ouvrir des portes aux femmes pour jouer à un niveau professionnel de baseball.
G: Avez vous été bien accueillie par le coach, le public et les joueurs, ou avez-vous eu à combattre un certain machisme ?
T : Comme vous le savez, les Etats Unis sont un immense pays, que ce soit par sa taille ou par sa population, et il contient tellement de diversité en son sein, que les comportements et la culture sont vraiment différents selon la partie du pays. Certaines régions sont plus ouvertes que d’autres et croient en l’égalité entre les sexes, tandis que d’autres sont un peu plus vieux jeu et traitent finalement les femmes comme des citoyennes de seconde zone ! Quand j’ai signé à Alpine, dans le Texas -cette région est une terre très traditionnelle, entendue comme rurale, religieuse, et chrétienne -, la plupart des gens étaient charmants avec moi, et la plupart qui m’ont vu jouer au spring training ( et j’inclus en cela plusieurs coachs assistants) m’encourageaient et me considéraient comme un joueuse tout à fait légitime. Malheureusement, cette opinion n’était pas partagée au niveau du management de l’équipe, (qui est venu sur le terrain seulement quelques heures le dernier jour des spring training !). J’ai compris qu’il fallait continuer à chercher d’autres moyens qui me permettent de protéger mon intégrité et qui honorent toutes les femmes dans leur soif de compétition. Hélas, je le constate, il y a encore beaucoup de machisme dans pas mal d’endroits en Amérique. Quelquefois, cela vient des joueurs mêmes, mais souvent cela vient également des coachs ou du management qui sont "old school" ou mêmes de plus jeunes cadres qui ont une conception arrêtée de la femme et de son rôle dans la société. La plupart de ces attitudes viennent d’un préjugé selon lequel les femmes sont plus faibles et incapables de rivaliser physiquement avec des hommes.
Dans les ligues d’apprentissage ("Developpement leagues") comme la ligue d’hiver de l’Arizona, les hommes sont un peu intrigués au départ, mais lorsqu’ils voient que l’on peut être compétitive, ils vous considèrent normalement comme tout autre joueur. J’ai quelques amis qui sont d’ex-coéquipiers, avec lesquels je reste en bon contact. Certains hommes ne nous encouragent guère dans notre parcours, mais la plupart de ceux là estiment que les femmes ne servent qu’à avoir des relations sexuelles. Au dessus des ligues d’apprentissage, il y a le véritable niveau professionnel. Pour moi, actuellement, c’est les ligues indépendantes, et j’ai été trés anxieuse au départ de jouer avec des hommes, parce que j’avais l’impression que c’était ma dernière chance de réaliser mon rêve de percer vers les Major Leagues. De nombreux professionnels ne voyaient pas d’un bon oeil ma présence, parce qu’ils considéraient que cela pouvait freiner leur carrière. Tout cela parce qu’ils considèrent finalement que si une femme peut parvenir à jouer avec eux, c’est que le niveau n’est vraiment pas terrible, et que dans ces conditions, comment ils pourraient espérer percer en professionnel ? Les mères des joueurs, voire leurs petites amies, sont des fois les pires ennemies, et influencées par la religion, elles peuvent même considérer que c’est mal pour une femme de prétendre à la place d’un homme, et que vous prenez du temps de jeu à un homme, qui est leur fils ou leur petit ami ! De nombreux joueurs professionnels pensent également qu’avoir une femme dans l’équipe ne peut être qu’une plaisanterie, ou n’avoir qu’un but publicitaire. Mon but est aujourd’hui de m’imposer comme une joueuse légitime, douée dont son seul but et travail est de rendre son équipe meilleure. Ce sera une route très longue, c’est certain, mais chaque fois qu’une nouvelle difficulté est sur mon chemin, je pense à mon amour du baseball, et aux filles et femmes qui sont derrière moi qui veulent jouer à ce grand sport. Je pense à leurs mails, leurs mots d’encouragement, leurs messages facebook, et à leurs regards quand je leur signe un autographe, et c’est ce qui me donne l’envie et la détermination de continuer à avancer.
G : Beaucoup de gens ne veulent pas que les hommes et les femmes jouent ensemble au baseball parce qu’ils disent que c’est trop dangereux, trop physique pour les filles, ou que les femmes ne peuvent pas égaler les hommes. Vous avez joué avec des hommes, quel est votre point de vue ?
T : L’idée selon laquelle il serait trop dangereux pour les femmes de jouer au baseball avec des hommes, ou que nous serions pas assez athlétiques pour jouer avec eux, c’est du grand n’importe quoi. Cela tire ses origines de la fin du 19e siècle quand quelques docteurs avaient envisagé que l’activité physique chez une femme pouvait freiner notre capacité à procréer, ou que nous étions trop frêles pour faire du sport. Je reconnais bien sûr qu’il y a des femmes qui n’ont pas de prédisposition athlétique, qui n’ont pas envie de faire du sport, et qui se tournent vers une conception traditionnelle de la féminité et d’un certain rôle dans la société, et je suis totalement d’accord que celles-ci ne doivent pas rentrer sur un terrain de sport et jouer contre des hommes. Mais la même chose peut être dit au sujet de nombreux hommes dans le monde. Tous les hommes ne sont pas des athlètes, et ceux qui tentent de faire du sport sans un entrainement sérieux se blessent souvent ! Je l’ai toujours vu dans les ligues au niveau régional dans lesquelles je joue parfois. Les guerriers du dimanche sont de sortie, ils ne s’entrainent pas et ils se blessent souvent ou ne sont pas performants. Les femmes sont de plus en plus grandes et de plus en plus fortes et savent de mieux en mieux comment s’entraîner, et elles seront bientot compétitives avec les hommes dans de nombreux sports, et pas seulement en baseball, vous verrez.
G : Avez vous déjà joué avec des équipes de baseball féminines ? Quelles sont les différences ? Et si vous n’y avez pas joué, pourquoi ?
T : J’ai eu l’opportunité de jouer avec des équipes de baseball amateurs. Tout comme les équipes amateurs de garçons, le niveau est souvent trés variable. Certains joueurs amateurs sont bons, tandis que d’autres ne parviennent pas à faire les jeux de routines. C’est pareil pour les filles. Comme vous savez, j’ai eu la chance de gagner des médailles d’argent lors de tournois de baseball à Hong Kong (Phoenix Cup). Les équipes dans ce tournoi, et toutes les équipes de filles étaient trés fortes, et certaines pouvaient rivaliser avec des hommes. Au meilleur des niveaux amateurs, les différences entre hommes et femmes sont trés minimes, voire inexistantes, mais il y en a quelques unes. En général, j’ai remarqué que les femmes avec lesquelles j’ai joué lancent un peu moins fort quand elles pitchent, et sont en général pas aussi rapides sur les courses sur base que la moyenne des hommes. En tant que lanceur, je trouve trés excitant de lancer dans une zone de strike plus petite avec les filles. Le jeu est sensiblement le même pour les deux sexes, et les dimensions des terrains les mêmes, mais le style de jeu est la seule différence. Quelqu’un comme David Eckstein ou Dustin Pedroia, qui est plus trapu, sont parvenus à jouer au meilleur niveau qui existe en MLB. Pour jouer pro avec des hommes, vous n’avez pas besoin de frapper pleins de home runs, de lancer à plus de 90 mph, ou de courir vite, mais vous devez faire ce qu’il faut faire pour aider votre équipe, et je pense que de nombreuses femmes peuvent parvenir à le faire. Il n’y a pas de ligues professionnelles pour les femmes et notre seule possibilité de jouer professionnel est d’intégrer des équipes d’hommes. Peu d’entre nous le tentent, mais il y avait bien 1000 filles qui jouaient au meilleur niveau en université l’an dernier dans des équipes de garçons aux USA, et il y a également deux autres joueuses à avoir joué au niveau collège cette année. Un jour viendra où Eri Yoshida et moi ne seront plus les seules femmes du monde professionnel !
G : Vous avez joué en Hollande. Aimeriez-vous jouer dans d’autres pays ?
T : Jouer en Hollande a été une opportunité fantastique et cela fut très sympathique. Même si je n’ai pas joué au niveau professionnel là-bas, mon coach Quansio Quant a pris un gros risque en me demandant si je voulais jouer. Je n’avais pas idée à l’époque qu’aucune autre femme n’avait fait cela avant moi en Hollande ! On m’a dit aprés que j’avais été ainsi la première femme en plus de cent ans d’histoire du sport en Hollande !
J’étais bien sur trés honorée, et je me suis dit à quel point mon coach croyait en moi ! Je dois le remercier encore une fois pour toute l’aide qu’il m’a apportée, pour le parcours que j’ai accompli dans le sport que j’aime. Sa proposition est révélatrice d’une chose que j’apprécie vraiment en Europe, leur foi en l’équité entre les sexes, le fait que les femmes peuvent être notamment appréciées sur leurs performances et pas seulement sur leurs qualités sexuelles ! Pour faire court, j’ai adoré jouer en Hollande. J’aimerais jouer partout dans le monde où il y aurait du baseball professionnel, et je serais trés honorée de jouer à nouveau en Europe, spécialement au sein d’une équipe qui pourrait tirer profit de mon expérience et de ma connaissance de jeu. Je lance en submarine désormais, et j’ai joué à toutes les positions sur un terrain au niveau amateur, et j’ai joué en lanceur/1ère base au niveau professionnel. Je donne des leçons en baseball et softball, j’ai coaché, je lance de façon classique mais aussi de côté aussi bien, je connais pas mal de choses concernant la mécanique des lanceurs, des frappeurs et j’ai de bonnes bases concernant le gant et le lancer, donc je pense être une bonne opportunité pour renforcer une équipe, et je peux apporter de l’expérience en tant que joueur ou en tant que coach / joueur.
G : Pour finir, quelques mots pour les joueurs français ?
T : Bien sûr ! J’ai eu l’occasion de visiter la France il y a longtemps, et c’était super et j’aime profondément votre culture. Cela vient également de ma propre histoire, une partie de ma famille était originaire des terres d’Ecosse, et fuyant des menaces de mort, ils sont partis vers la France avant de venir au Canada, puis aux Etats Unis, donc j’ai un lien profond et historique avec la France. La plupart des femmes que j’ai rencontrées en France sont fortes, elles ont de la volonté et sont capables de s’imposer en société. Ceci me fait croire à l’équité et j’ai bon espoir pour l’avenir des femmes dans le sport là bas. La conversion du softball vers le baseball est facile pour les athlètes, et elles pourront devenir de meilleures sportives! Finalement, la devise de la France "Liberté Egalité Fraternité" en dit beaucoup sur votre société et sur sa façon de percevoir ses citoyens. C’est peut être le moment d’appliquer cette devise dans le baseball ? Liberté Egalité Fraternité peut se conjuguer avec Espoir ! Ca me semble bien pour moi. Merci pour toute votre attention à lire cet interview. C’était un grand honneur de répondre à vos questions. Si vous êtes un joueur de baseball français, j’espère qu’un jour, vous serez mon coéquipier !
(trad. FVS)
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En Bhonus : Vous pouvez retrouver sur ce lien l’interview en langue originale reprise depuis par "Mister Baseball", le site de référence du baseball européen !
Trés bon ce passage : « De nombreux professionnels ne voyaient pas d’un bon oeil ma présence, parce qu’ils considéraient que cela pouvait freiner leur carrière. Tout cela parce qu’ils considèrent finalement que si une femme peut parvenir à jouer avec eux, c’est que le niveau n’est vraiment pas terrible, et que dans ces conditions, comment ils pourraient espérer percer en professionnel ? «
L’interview en version originale avec les liens pour preuve !
Chez Mister Baseball
http://www.mister-baseball.com/interview-tiffany-brooks-woman-sign-pro-contract-21st-century/
Chez l’IBAF !
http://www.ibaf.org/en/news/2011/12/07/interview-with-tiffany-brooks-the-first-woman-to-s/605a6205-d16d-4dbf-8e3b-f26443813503
Preuve que dans le baseball, les filles ne comptent pas pour des prunes :
http://www.thepostgame.com/features/201103/high-school-baseball-game-feature-female-starting-pitchers-first-time
Première fois que deux femmes startaient l’une contre l’autre dans un match de baseball NCAA (universitaire, USA).
Sinon, interview reprise sur le site du baseball/softball européen de notre ami Philipp Wuerfel, Mister-Baseball, mais aussi sur le site de l’IBAF, la fédération internationale de baseball ! Vive Honus !
Quant elle dit qu’il y a plus de femmes qui jouent au baseball qu’au softball, je n’en suis pas persuadé… Je pense plutôt qu’elle est un peu trop optimiste…
Sur la question, un article de septembre 2011 se consacre au débat : l’entrée des femmes, prochaine étape de la MLB ?
http://bleacherreport.com/articles/848071-are-women-the-next-demographic-to-integrate-into-major-league-baseball