Des gauchers dans l’infield…
Les gauchers en infield sont très rares. Hormis la première base, où leur situation de gaucher les avantagent, les positions de l’infield ont du mal à se conjuguer avec les talents de l’athlète gaucher. Le gaucher se donne plus de mal pour tourner les doubles jeux, et faire les pivots nécessaires. On propose donc souvent aux gauchers de devenir soit lanceur, soit de les convertir aux postes de l’Outfield. Mais ce sort tragique n’a pas toujours été une fatalité, et il est arrivé dans l’histoire que, même à un niveau professionnel, des gauchers ont joué en infield. Les gauchers peuvent donc continuer à rêver.
On débutera par Wee Willie Keeler, un joueur surtout connu pour ses talents d’outfielder mais qui joua quand même seconde base, short stop et même troisième base durant sa longue carrière entre 1892 et 1910. Ce gars fut un hall of fame (.341 de moyenne au bâton en carrière), et il joua à ces postes en infield pour dépanner pas moins de 71 fois. Sa petite taille et ses talents offensifs y sont sans doute pour beaucoup sur sa grande capacité d’adaptation à tous les postes. En effet, Wee Willie Keeler était un joueur rapide et reste reconnu comme l’un des meilleurs bunters de l’histoire du baseball pro ! Keeler est aussi connu pour avoir frappé durant 44 matchs de suite, un « streak » que seul Joe Dimaggio réussira à battre une cinquantaine d’années plus tard ! Pour la petite histoire, Keeler avait un conseil pour les frappeurs : le baseball, c’est simple, il faut frapper là où il y a personne sur le terrain !
Signé Wee Willie Keeler, Hall Of fame !
Les autres exemples sont moins inoubliables.
Les Phillies ont eu un catcher gaucher (on en avait déjà parlé avec le fameux Jack Clements) mais tentèrent également un gaucher au poste de short stop en la personne de Bill Hulen. Joueur de l’équipe Mineure des Minneapolis Millers en 1894 et 1895, il joue en 1896 pour les Phillies pas moins de 73 matchs entre la 2e base et le poste de short stop. Mais Hulen ne restera qu’une saison aux Phillies au plus haut niveau, faute certainement aux 51 erreurs faites durant ces 73 matchs ! Ill tentera plus tard de jouer chez les Washington Senators en 1899 pour 19 matchs encore au poste de short stop.
L’histoire assez mystérieuse de Bill Hulen ne s’arrête pas là. Grâce aux infos sur ce site, on retrouve ses traces vers Seattle en 1902 puis dans la ligue Canadienne de l’ouest, la Western Canadian League en 1907 dans l’équipe des Medicine Hat Mad Hanners, mais sous un autre nom… celui de Billy Hamilton ! En effet, Kid Hulen a cherché à faire disparaitre son passé et a changé de nom en toute fin de carrière. Pour quelles raisons, tout le monde l’ignore, même son épouse, qui croyait qu’il était mort. Celle-ci demande le divorce une fois qu’elle apprend la nouvelle.
Bill Hulen joue ainsi 3e base pour l’équipe qui remporte la ligue en 1907 et marquera le plus de points avec 95 runs. En 1908, il cesse de jouer et devient gérant d’un hôtel à Winnipeg. Un journal rapporte de ses nouvelles en 1908 : "Billy Hamilton, a former proprietor of Noble’s hotel, Winnipeg, who was with Medicine Hat last season, will captain the Spokane team. Hamilton is a former big leaguer, his diamond name being Billy Hulen. There was some talk of him getting the management of the Maroons before Eddie Herr landed the job." (Manitoba Free Press, March 25, 1908).
Les photos de ce joueur sont très rares. En tout cas, le lanceur Dan Casey reste persuadé que ce Bill Hulen est le sujet du célèbre poème «Casey at the bat».
Un blog a établi cette biographie à son sujet.
L’un des derniers gauchers en infield fut Jiggs Donahue lorsqu’il joua aux Saint Louis Browns en 1902 . Donahue était un joueur très réputé pour ses talents défensifs et joua à tous les postes autour de l’infield. De formation catcher, il joua ainsi durant cette saison 1902 en 3eme base, en 2eme base et même au poste de short stop. Mais son destin était tout tracé !
Les White sox le convertissent en 1904 au poste de première base où il devient tout simplement exceptionnel ! Donahue est ainsi encore détenteur du plus grand nombre « putouts », 1846 pour la saison 1907 !
Tous ces exemples datent il est vrai de la « Dead ball era ». Entre destin tracé et traditions, il semble que le gaucher peut difficilement s’imposer de nos jours en infield…
Mais heureusement il reste le grand Don Mattingly qui joua durant sa carrière aux yankees de New York un match en seconde base en 1983 et trois matchs en 1986 pour dépanner !
La gauche peut encore rêver…
A Dijon, au DUC, on a une grande tradition dans les catchers gauchers.
Je trouve cela sympa pour les courbes venant de lanceurs droitiers
et le match est à nous ! merci Ludo !
J’ai joué avec les Météores de Nevers et on avait _un gaucher dans l’infield. Le « géant vert » comme l’on surnommer les Clermontois; alias Mister Ludo! Une première base gaucher indispensable en fin de match. Pour exemple, contre le Creusot score 8-9 en notre faveur, deux bases occupées en position de marquer, 2 outs…Un fly direct dans le gant géant gaucher de notre first base!
un article qui devrait être bientôt complété… ou qui aura une suite !
Si en plus le gaucher qui joue en champ intérieur change de nom systématiquement… pas facile… beau travail de recherche!
Yeah enfin, la classe !
J’adore, thanks 😉
article complété sur Bill Hulen qui a eu la bonne idée de changer de nom en fin de carrière… heureusement, Honus avait mis ses meilleurs limiers sur le coup !
Monsieur Fish est un fan de vrai cinéma !
Ah p’tain ! Le titre de l’article !!! On dirait le remake baseballistique du chef-d’œuvre « Des Serpents dans l’Avion » !!! 😀